Les 30 000 places viennent d’être arrachées comme de petits pains. Les abords du stade de Kégué grouillent de monde. A 16h, la première partie du concert se déroule pendant que difficilement le public essaie de se frayer des passages vers les gradins et les tribunes. On se croirait à un match d’un enjeu capital pour les Eperviers du Togo. Or, depuis que ces derniers ont été déplumés, personne n’entend plus parler d’eux. Le show a commencé, King Nee met en ébullition les tribunes, le Fils du Terroir Ape’son n’ose pas se faire conter les événements. En véritable star, il a failli faire exploser les verrous du stade. Quand Madame Abitor est transportée sur la scène, le stade explose de nouveau.
Ces préludes ne sont rien quand le Roi est annoncé. Les feux du stade sont éteints, il est 18h ce 26 décembre 2010. Tout le monde allume son portable. Le stade devient un ciel étoilé. Tout s’illumine, la magie du lieu cède le pas au Roi… Le public discipliné au début se déchaîne comme porté par la fougue de la transe. Quand les projecteurs s’allument King Mensah comme un Roi est juché sur un 4X4 faisant le tour du stade pendant que l’orchestre joue. A l’aperçu du nombre impressionnant de ses irréductibles, King Mensah n’hésitera pas à verser des larmes de joie, tout en continuant le chant de « Mifon », titre clôturant son nouvel album « Da » ! Il fera deux tours de piste du terrain de Kégué avant de monter sur scène. Les policiers assurant sa garde courent comme au temps du Père pour assurer la sécurité de ce roi. Le cri devient intense, insupportable puis les verrous des gradins explosent. La foule en délire pénètre sur le stade, les agents de sécurité et les policiers sont dépassés par les événements. Des mélomanes se roulent par terre. Certains dos au sol, les jambes en l’air célèbre le Roi de la musique togolaise. Les policiers excédés érigent un cordon de sécurité autour de leur roi. Il descend et le show commence.
Le show historique pouvait commencer…
En véritable star, le public n’a pas laissé un seul espace à Papavi King Mensah de chanter une seule chanson. Tout est repris en cœur. Le show était sur la pelouse, sur le gradin, à la tribune et à l’extérieur du stade. De « Séssimé » à « Obubé » en passant par « Da », presque les morceaux essentiels des six albums au palmarès du Roi ont été passés au peigne fin.
Sous les hourras de ses fanatiques, Papavi Mensah entonnera « Djena » (titre le plus adulé sur son 5ème album, « Yetonam »), sa seconde prestation vocale d’une folle soirée d’ambiances. L’artiste égrènera ainsi sur ce rythme 18 autres morceaux de son répertoire bâtis en 14 années de carrière, durant près de 2h10 minutes d’horloge. Le spectacle de ce 26 décembre était censé être une occasion pour présenter officiellement « Da » au grand public. Il a vite pris les allures d’une revisitation de la carrière du « King ».
20 chansons qui sont en elles-mêmes des tubes au Togo. C’est donc sans surprise que les milliers de spectateurs de Kégué ont repris, à l’image de leçons bien assimilées, les chœurs de tous ces titres : de « Topodola » à « Ata », en passant dans un premier temps par « Matui », « Nene », « Odadze », « Amekuna », « Aya », « Dada », « Fako », « Sesime », « Evenam », « Migavon o », « Yele Yele ». Et dans un second temps : « Nana Benz », « Egnon », « Xonam », « Fouto » et « Akabaraka ». Au finish, six titres de « Da » sur les 10 qu’il comporte, ont été servis aux fanatiques du « Chevalier du Mono » de la République togolaise.
Cette sortie scénique inoubliable a en outre été l’occasion pour le « Meilleur artiste du Togo en 2007 » de porter à la connaissance de ses milliers de mélomanes deux grandes confidences. « Mon plus grand rêve était de donner un grand concert dans la plus géante enceinte sportive de mon pays. Merci de m’avoir aidé à réaliser ce rêve », confiera d’une part le « Best african traditional artist aux Kora Awards en 2000 et 2004 ». D’autre part, M. Mensah a « annoncé qu’il organisera l’année prochaine, toujours au stade de Kégué, un géant concert pour marquer ses 15 ans de carrière, avec 15 artistes différents ».
De l’avis d’Abou « C’est du jamais vu. Nos cultures ont de la valeur. King a réussi à remplir le stade de Kégué. Du Jamais vu en musique ! Il est et restera toujours notre roi ! ». Il va falloir que l’Etat accorde plus de valeurs sur les médias à nos créateurs !
Gaëtan Noussouglo et Edem Gadegbeku ©Togocultures