Djatan kan « Nous faisons du rap togolais pas une copie du hip hop français ou américain »

Djanta Kan au Centre Culturel de Lomé
Djanta Kan au Centre Culturel de Lomé

Le groupe Djanta Kan est en studio à Paris pour la sortie de leur troisième album. Djatan Kan qui signifie « force, stabilité, rage » vient de « Djanta » qui signifie le lion en mina. Ce groupe a décidé de rugir son Hip Hop dans la jungle moderne. Il faut surtout retenir que Djanta Kan est aussi un hommage mérité à un grand lion, le fils de Sogolon, Soundjata Kéita. Togocultures a rencontré ce groupe à Paris, pour parler de leur musique, de leur nouvel album et de la musique au Togo.

Togocultures : Quels sont les noms qui se cachent derrière ce groupe Djanta ?

Djanta Kan : Le groupe est maintenant composé de trois membres. Ametek , le poète et musicien du groupe, qui apporte une fibre ragga aux morceaux ; Bobby, ingénieur du son et membre du réseau AURA (Artistes Unis pour le Rap Africain) dont le flow fait trembler les platines ; et Da Flag, l’artiste de Djanta Kan, décideur scénique et chorégraphique du groupe. Sa imagination et sa bonne humeur galvanisent le groupe.

Togocultures : Vous êtes à quel nombre d’album ?

Djanta Kan : DOTO ! Est notre deuxième album, nous l’avons réalisé plutôt facilement car nous avons eu de nombreux soutiens (comme celui du Centre Culturel Français de Lomé entre autres). Avec cet album, nous avons ouvert notre horizon musical en travaillant avec des ingénieurs et des artistes de nombreux pays d’Afrique (Bénin, Ghana, Sénégal, Burkina, Gabon). Grâce à cet album aussi nous avons pu faire entendre notre voix un peu partout sur le continent africain et au-delà de ses frontières. AGBEADZEZO, notre premier album est entièrement autoproduit. Sa conception a été, disons, plus douloureuse car nous avons dû trouver les moyens de réaliser un album conforme à nos rêves et à notre idée du Hip Hop africain. André de Berry Quenum, le plus grand ingénieur du Bénin, nous a vraiment beaucoup aidé dans notre entreprise et cet album est très cher à notre cœur. Nous sommes actuellement en train de travailler sur le troisième album. Nous prenons notre temps car nous le voulons plus mûr musicalement, plus abouti sur le plan du texte, plus travaillé au niveau du mixage et du mastering. Par ailleurs, nous avons participé depuis plusieurs années à de nombreuses compilations de rap ou de musiques africaines : « Nous sommes les tams-tams de l’Afrique » aux côtés de Youssou N’Dour, « Frangafrica », « Frontières Sud ». Nous avons également produit notre propre compilation « Afreek’1(s) » grâce à Arts2Rues, le studio et la structure de production que nous avons montés à Lomé.

Togocultures : Pourriez-nous nous parler de la vie de ces albums, l’accueil réservé par le public togolais et d’ailleurs ?

Djanta Kan : AGBEADZEZO nous a véritablement révélé au public togolais et africain. Il nous a permis de participer à des festivals internationaux. DOTO ! est l’album de la confirmation, élu meilleur Album en 2005 lors de Togo Hip Hop Awards. Sincèrement, si le groupe Djanta Kan est aujourd’hui aussi fort et aussi soudé c’est grâce au public togolais qui nous a toujours aimé, soutenu, plébiscité. C’est un vrai plaisir pour nous de jouer au Togo. En Afrique, nous avons toujours eu de très bons retours de nos prestations sur scène. Au Gabon, par exemple, nous avons joué en juin 2006 devant plus de 10 000 personnes. Le public européen est en train de nous découvrir. Nous avons fait plusieurs prestations en France (Paris, Nantes…), en Suisse, en Belgique. Des spectacles sont prévus prochainement en Allemagne et Royaume Uni. Nous sommes agréablement surpris par l’accueil du public européen. Il est enthousiaste, vivant. Nos chansons en mina plaisent même autant que les morceaux en français. Il apparaît clairement que les gens apprécient beaucoup l’identité marquée de notre Hip Hop, nous faisons du rap togolais pas une copie bronzée du Hip Hop français ou américain.

Togocultures : Vous êtes en France pour enregistrer votre nouvel album ? Expliquez-nous le choix de la France plutôt qu’un autre pays?

Djanta Kan  : Nous sommes en ce moment en France pour préparer ce troisième album,mais rien ne dit qu’il n’y aura pas des morceaux qui seront enregistrés en Afrique. Pour l’instant nous sommes soutenus par de nombreux collectifs français, nous avons été sollicités pour des concerts, des festivals, des films et la plupart de nos contacts sont en France.

Togocultures : N’y a-t-il pas de bon studio d’enregistrement au Togo ?

Djanta Kan  : Il y a bien entendu de bons studios au Togo (en particulier celui d’Oswald Mensah). Il est déjà long d’enregistrer des morceaux, mais s’il faut compter avec les coupures d’électricité, cela devient problématique. Le studio que nous avions monté à Lomé a été détruit à cause de ces problèmes d’électricité. S’il existe de studios très bien équipés au niveau matériel à Lomé, le problème se situe plutôt du côté des ingénieurs. Sincèrement la plupart des ingénieurs togolais manque de sérieux, de rigueur et de professionnalisme. Ce qui n’est pas vraiment de leur faute, puisqu’il n’y a actuellement au Togo aucune structure qui prenne en charge la formation des ingénieurs du son.

Togocultures : Que pouvons-nous attendre de cet album ?

Djanta Kan : Beaucoup de surprises. Des featuring, des musiciens. Nous voulons donner à notre public et à ceux qui ne nous connaissent pas encore un album qui soit porteur de notre empreinte culturelle, revendicateur de notre identité togolaise, qui témoigne de nos colères et de nos envies. Mais nous voulons aussi qu’il puisse faire voyager, trembler, sourire et rire. Cet album nous prend beaucoup de temps. Il nous demande rigueur, professionnalisme vis à vos de notre rap, de notre texte, de notre musique. Cet album sera un pur produit Djanta Kan, toujours aussi engagé, toujours aussi togolais mais encore plus royal !

Togocultures : Combien de titres et le style de l’album ?

Djanta Kan  : Pour l’instant nous sommes arrêtés sur 12 titres mais il est fort probable que ça évolue encore. Tout le monde participe au choix des morceaux, même les musiciens qui nous accompagnent, même les artistes que nous invitons. Ce qui est sûr c’est que cet album sera bien ancré dans la tradition togolaise, mais avec la ferme volonté de vous faire voyager sur l’ensemble du continent africain.

Togocultures : Des tournées en vue ?

Djanta Kan : Oui bien sûr ! A partir de septembre 2009 nous serons en tournée en France, à Paris, Nantes, Bordeaux d’abord. D’autres villes françaises suivront comme Rennes, Caen, Lille, Amiens. Nous enchaînerons sur la Suisse, la Pologne, peut-être la Suède. Nous travaillons aussi avec nos partenaires anglais pour de propables dates au Royaume Uni et aux USA

 Togocultures : Vos souhaits culturels pour le Togo

Djanta Kan : Compétitivité de notre culture, création d’école de formation pour les artistes, soutien de l’Etat à la culture. Nous serons tellement heureux de voir les cultures togolaises franchir les frontières du pays, car le Togo est très riche et varié ! Il faudrait aussi que les enfants soient mieux sensibilisés à l’art, à la musique, à la culture, qu’ils y aient accès. Il serait intéressant également que les «  professionnels culturels » aient la possibilité d’être formés, de se perfectionner et, pour cela, de voyager. La liste est tellement longue !!! Nous ne pouvons pas tout citer ici

 

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