Le Togo vient de franchir un pas important dans le domaine culturel en adoptant au conseil des ministres du 10 décembre 2008 un projet de loi présenté par le Ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale sur l’adhésion du Togo à l’Accord de Florence relatif à l’importation d’objets de caractère éducatif, scientifique ou culture.
Cet accord, adopté à New York depuis le 22 novembre 1950 ( !), a essentiellement pour objectif de favoriser la libre circulation des livres, des publications et des objets présentant un caractère éducatif, scientifique ou culturel.
L’adhésion du Togo a cet accord va avoir des conséquences incalculables sur l’industrie et la politique du livre au Togo, notamment sur les entreprises locales liées à l’édition, la production, l’importation et la vente de biens culturels tels que les livres, la musique, les ordinateurs, les CD et les DVD. Jusqu’à présent, le Togo perçoit des taxes (TVA et autres) sur les biens culturels, notamment les manuels scolaires, rendant ainsi élevé les prix de ces outils sur le marché.
Ces taxes perverses étaient également prélevées sur l’importation des intrants d’imprimerie tels que les papiers, les plaques etc, pénalisant ainsi les imprimeries et les entreprises locales productrices des manuels scolaires, fragilisant de plus ce secteur par rapport à ses concurrents étrangers qui bénéficient des avantages de l’Accord de Florence.
Pour Tchotcho Ekué, directrice des Editions Graines de Pensées, «l’autorisation d’adhésion à l’Accord de Florence est un cadeau de Noël pour les acteurs du livre. Cela va avoir un impact indéniable sur les entreprises locales ». « A condition que l’application de la loi par les douaniers soit effective », a toutefois déclaré Mme Tchotcho Ekué, « et que l’Etat mette tout en œuvre pour les sensibiliser sur l’importance des biens culturels ».
Entre le vote ou la ratification d’un accord et son application effective sur le terrain par les fonctionnaires de l’Administration, il y a effectivement un monde de petits intérêts fait d’espèces sonnantes et trébuchantes que n’hésitent pas à franchir les douaniers togolais.
Et pourtant, les taxes sur les biens culturels comptent comme quantité négligeable dans le budget du Togo, et tous les voisins du Togo ont signé cet accord depuis des décennies. Au Ghana par exemple, il n’ y a pas d’impôts sur les matériels informatiques, ce qui est fait non seulement dans l’esprit de l’Accord de Florence mais dans le but évident d’accroître l’informatisation de la société ghanéenne.
L’accord de Florence est une bouée de sauvetage pour les acteurs du livre au Togo. Car cela fait des années qu’ils luttent pour que l’Etat togolais, qui n’a pas encore adopté une politique culturelle digne de ce nom, daigne au moins autoriser l’adhésion à cet accord. La demande des acteurs avait sollicité le ministère des affaires étrangères depuis 1999. Il a fallu près de 10 ans pour voir l’Etat accéder à leur demande.
Il faut néanmoins saluer ce petit pas qui vient d’être franchi dans le domaine culturel d’un pays caractérisé justement par un désert culturel.
Ecrit et publié Publié le 31 Mars 2009 par Togocultures