L’artiste plasticien Sokey Edorh expose une série de tableaux au CCF dénommée « Les Naufragés ». L’expo qui comprend douze toiles et une installation, a commencé le 3 février dernier et prendra fin le 28 février prochain.
Les tableaux se présentent peints sous le modèle sérigraphique où le visiteur croit retrouver les mêmes signes, des phrases écrites en blanc, presque les mêmes images sur un fond où le bleu, signe de l’eau mais aussi de la vie, est dominant. Toutes les toiles sont parsemées d’énigmatiques signes inspirées de l’écriture Dogon ou de vraies notes sorties de ces carnets, l’histoire de l’Afrique, de l’esclavage à aujourd’hui. Des sentiments de frayeur, de tristesse, se dégagent de ces toiles qui peignent un chaos généralisé, des vies échouées, des gens perdus, des communautés humaines affligées. C’est une Afrique en éternelle perdition, à travers les âges et plusieurs humiliations, que peint Sokey Edorh avec un mélange des couleurs très abouti. Il y a la pauvreté des mendiants, L’illustration parfaite de cette tragédie est cette installation d’une coque de pirogue fracassée, symbolique des frêles embarcations qu’empruntent les immigrants africains à destination de l’Europe. Il y a aussi cette toile de 10 mètres sur 20 sur laquelle l’artiste pose deux grotesques bottes de militaires, illustration de l’Afrique sous la houlette de militaires sans intelligence, certainement le malheur du continent, son gouffre. C’est une vision affligée et triste du continent qu’exprime l’artiste.
La beauté de l’art de Sokey transparaît dans ces mélanges de couleurs, de signes et les contrastes d’un continent qui cherche désespérément son développement. Sokey Edorh, un artiste…boulversant.
Cette expo confirme la dimension internationale de Sokey Edorh. Ancien disciple de Paul Ahyi, passé par les Ecoles des Beaux-arts de Paris et de Bordeaux, Sokey Edorh a reçu plusieurs prix et distinctions dont le prix de la fondation Heinrich Böll Cologne en 1994 (Allemagne) et le prix Pollock Krasner en 1992 (New York) pour lequel il est le premier africain primé. La fondation Blachère (Apt- France) et le Musée de Bamako (Mali) ont fait des acquisitions en 2007 et 2008. Il est présent dans de nombreux musées et collections d’Art contemporain
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Publié le 16 février 2010