2e édition du Festival de contes Mi Sé gli loo

Rogo Koffi Fiangor Photo: Gaëtan Noussouglo
Rogo Koffi Fiangor , Directeur du Festival Mi Sé Gli LooPhoto: Gaëtan Noussouglo

Il est 18h30, la nuit tombe sur le Centre Culturel Hakuna Matata, l’occasion rêvée des conteurs du Festival Mi sé gli loo pour investir la cour jouxtant la grande scène de ce centre culturel dirigé par Michel Hoffer. Une foule estimée à environ 90 personnes prend place chaque soir du 4 au 6 août pour écouter des contes et des proverbes sortis de la bouche des conteurs.

Chaque soir six conteurs, se relaient, captivent l’attention de l’auditoire et l’enchantent. Ils donnent le conte à consommer à travers un art oratoire subjuguant. Ils jouent sur les mots, les images, utilisent les intonations appropriées, font usage des formules rituelles et des formules finale

s consacrées « Korobozi, Shian… » et des proverbes, ils envoient le public dans le monde merveilleux, fantastique. Le premier soir Rogo Fiangor et Roger Atikpo dessinent l’univers du conte dans lequel s’incrustent Alassane Sidibé, Edem Modjro, Akofa Kougbénou, Claudine et Clair. Le deuxième jour, les contes sont en marchent avec Edem, Sidibé, Danklou le Grec, Akofa, Bédi Belle Fleur, David Ganda et Clair. Le dernier soir est particulier, c’est le tour des « slameurs », de la lecture des meilleurs et extraordinaires « mensonges ». Le rythme et les chants se retrouvent dans la foule. Le conte n’est pas passif, il est actif. Des proverbes fusent de part et d’autres, des chansons s’entonnent, la distance entre le conteur et le public s’absout, et la frénésie des danses et un merveilleux écoute prennent le pas sur tout. L’écoute et la participation relèvent de l’univers togolais, africain. Pourtant, la Française Clair s’y retrouve facilement, connaissant quelques codes, elle immerge le public dans le conte corse ou à travers des langages de signes superbement « articulés ».

La conteuse Akofa Kougbénou à Hakuna Matata Photo: Gaëtan Noussouglo
La conteuse Akofa Kougbénou à Hakuna Matata Photo: Gaëtan Noussouglo

On reconquiert ainsi  l’univers du village ou de la ville avant l’arrivée de l’électricité  où au clair de la lune nos parents nous contaient des histoires. La télévision aujourd’hui a tout enlevé. Rogo Koffi Fiangor, organisateur du Festival Mi Sé gli loo (littéralement écoutez l’histoire)  en est conscient et veut remettre les contes dans les maisons, dans les cœurs des enfants pour que la tradition ne se perde pas. Pour y arriver, il faut passer par le biais des raconteurs d’histoires, des menteurs et diseurs de vérité Edem Modjro, Roger Atikpo, Akofa Kougbénou, Alassane Sidibé, Cl

air, Alexandre Mondé, Fati Yakanou… Pendant ces trois jours, l’auditoire est disposé en demi cercle, la lumière est tamisée créant une atmosphère conviviale…

Formation et concours du plus extraordinaire des mensonges

Les contes  étaient l’aboutissement d’un cheminement. Pendant les trois jours, une formation à l’art oral et narratif est organisée pour les participants du « Concours du plus extraordinaire des menteurs » et à ceux qui veulent toucher à la photographie de façon professionnelle encadrés par Rogo Fiangor et Gilles Roussy. Le jury du Concours se réussit les après-midi pour lire et les textes.

Le 6 août, les résultats du « Concours du plus extraordinaire des mensonges » ont été proclamés par Sophie Ekoué de RFI applaudit par le nombreux qui a fait le déplacement. La voix de Sophie Ekoué, journaliste d’origine togolaise est très connue dans le monde mais rares sont les Togolais qui mettent un visage sur son nom. Ce jury présidé par Gaëtan Noussouglo a donné des observations globales sur ce concours. Pour lui, la plupart des participants ont manqué d’imagination pour se faufiler dans l

le conteur Alassane Sidibé Photo Gaëtan Noussouglo
le conteur Alassane Sidibé Photo Gaëtan Noussouglo

e monde des menteurs, c’est-à-dire de tous ceux qui écrivent, imaginent des fictions. Parmi les membres de jury « il y avait trois Européens qui sont entrés de plain pied dans la culture togolaise par la lecture des textes. La plupart portaient une marque de togolité parfois difficile d’accès » a déploré la Belge Gisèle Volkaertz, membre de jury. Cette « Togolité »,  Sophie Ekoué la qualifiera au cours de la soirée plus tard de « togolo-attitude », en insistant sur le plaisir de lire, de fréquenter de bons auteurs pour avoir une plume plus alerte. Il faut une ouverture d’esprit pour s’ancrer dans l’universel.

Trois textes émergent du lot et ont été primés : La Bétonneuse de Séyram Doudji, l’Etranger de sept jours de Ayoko Kanyi et La chance de N’Delwys Glokpor. Les trois textes qui sont des contes racontent respectivement l’histoire d’un extraordinaire gourmand, d’un petit homme menteur et rusé et d’un menteur ingénieux. Les textes ont été lus  aux publics par Edem, Joël, David et Bafaye.

Au cours de cette soirée, Roger Atikpo a mis sa vérité au creux du mensonge par deux contes ravissants qui ont provoqué une hilarité générale mettant fin à la deuxième édition de Mi sé glo loo. La prochaine édition du Festival est prévue pour août 2010.

©Togocultures

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