Le développement de l’Afrique peut passer par une autre exportation de sa Culture. C’est l’intime conviction du Rapec (Africain des Promoteurs et Entrepreneurs Culturels) qui organise du 11 au 13 octobre 2011 son premier Congrès sur cette thématique. Togocultures a rencontré le Président de ce réseau John Dossavi.
Qui est John Dossavi ?
Je suis originaire du Togo, arrivé dans l’Hexagone dans le milieu des années 80 ; homme de la communication, j’officie pour plusieurs médias à Paris en tant que journaliste spécialisé dans le culturel. Sans oublier certaines de mes sorties politiques. Je suis également au cœur de plusieurs évènements culturels sur le continent noir.
Pourquoi le Rapec ?
Le Rapec est un besoin légitime pour les promoteurs et entrepreneurs culturels de disposer d’un espace où nous retrouver, pour échanger, pour s’entraider, pour construire ensemble et faire fructifier notre patrimoine commun qui est notre Culture. Depuis 2007, date de la création de notre Réseau Africain des Promoteurs et Entrepreneurs Culturels (Rapec) à Ouagadougou dont le siège est au Togo, nous avons mené plusieurs réflexions sur les voies et moyens à emprunter pour apporter un nouveau souffle et dynamisme à la culture de notre continent et définir les fondements d’une nouvelle approche du lien entre la culture et l’économie.
Qu’est-ce que le Rapec ?
Le Réseau Africain des Promoteurs et Entrepreneurs Culturels, consiste à fédérer les forces, les énergies et les savoir-faire des acteurs et entrepreneurs culturels du continent pour faire de la culture une des véritables sources de revenus pour l’Afrique. Le Rapec soutient que la culture doit participer à la création des richesses nationales, être enfin une autre valeur ajoutée à son économie. Le Rapec ambitionne d’être un véritable moteur de propositions pour une meilleure rentabilité et de protection du patrimoine culturel africain. A ce titre, nous lançons le 1er Congrès panafricain sur le thème, «Culture, levier du développement en Afrique».
Qui sera à ce Congrès?
Les acteurs culturels d’Afrique et ceux de la diaspora. Les institutions à vocation culturelle et/ou économique. Les gouvernements africains, conscients de ces enjeux et volontaires pour s’impliquer dans l’organisation et le soutien des filières culturelles. Les ministères de l’Economie, du Travail, de l’Education, du Tourisme, de la Communication et de la Culture des pays africains y sont aussi attendus. De même que les collectivités territoriales en Afrique et ailleurs (villes, cités, villages, ..), les acteurs de l’économie indirecte de la culture (transports, hôtellerie, hébergement, restauration, sécurité, ….). Bref, toute personne sensible à la culture africaine et soucieuse de soutenir sa pérennité et de contribuer au développement économique d’un continent entier.
Quels sont les objectifs de ce Congrès?
Comme vous le savez, l’Afrique est à la croisée des chemins, cherchant confusément sa voie dans un monde où seule la puissance économique confère quelque respectabilité ! Pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique, les promoteurs et entrepreneurs culturels se mobilisent pour organiser leur propre Congrès, pour réfléchir sur la place de la culture dans l’économie du continent et la réorganisation de la filière « culture » en Afrique. Ce 1er Congrès panafricain sera l’occasion de donner des clés de lecture différentes au grand public, de changer le regard sur la culture et surtout de faire des propositions concrètes aux autorités des Etats africains. Face au déficit de compréhension dont souffre encore le secteur culturel en Afrique, le défi du Rapec est donc de convaincre les responsables et opérateurs économiques de tout son potentiel.
Explications :
Rentabilité : Si la culture immatérielle n’est pas commercialisable, en revanche la culture matérielle africaine est soumise à une compétition de l’économie du marché mondial. Bien qu’elle ne soit pas considérée comme une marchandise, la culture peut être cependant une source de revenu pour l’Afrique. Le Rapec estime qu’en Afrique, la culture et le développement devraient être intimement liés. Pour que l’activité culturelle en Afrique soit rentable, il faut mettre sur pied une politique africaine harmonisée qui reconnaît, sur le plan législatif, le secteur culturel comme une activité économique à part entière par les Etats du continent. C’est pourquoi, le Rapec, dans sa démarche, encourage l’investissement dans ce secteur et son adaptation à la modernité, par un soutien fort aux investisseurs, de nature à décloisonner le secteur.
Protection: La protection du patrimoine culturel donne la chance aux protecteurs du domaine, de tirer également profit de l’immense richesse culturelle africaine dans le cadre du tourisme, à l’instar d’autres pays du monde. Il est vrai que la culture ne peut pas totalement fondre dans une économie de marché; mais il est aussi certain que la protection de ce secteur et la promotion de ses acteurs peuvent constituer le levier du développement économique de l’Afrique. Après plusieurs forums et rencontres que le Rapec a initiés avec l’appui de l’Unesco et d’autres partenaires au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en France, au Togo et au Bénin, pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique, les acteurs culturels de tous horizons, sous la roulette du Rapec, en partenariat avec l’Unesco, à l’ issue de ses investigations, nous avons recueilli diverses pistes de propositions et de réflexion. Le Rapec décide d’organiser le 1er Congrès panafricain sur la culture et son lien avec l’économie, du 11 au 13 octobre 2011 à Libreville au Gabon. A l’issue de ce premier Congrès panafricain, la conclusion de nos travaux et nos recommandations seront soumises aux décideurs politiques, à l’Union Africaine et aux diverses Institutions nationales et internationales en charge de la culture et de l’économie. Nous considérons que le temps du discours est révolu ; et que le temps est venu pour qu’ensemble, les États africains puissent tirer profit de l’immense potentiel que recèle notre culture.
Quel sont vos moyens d’action? Nos partenaires institutionnels; publics et privés qui soutiennent nos activités. Ils contribuent à façonner nos initiatives, projets et groupes de travail de l’association. Grâce à la participation de leurs dirigeants et experts au plus haut niveau, nous avons des éclairages sur nos divers colloques, rencontres culturelles… Leur soutien en nature – y compris la mise à disposition de personnel spécialisé pour aider à nos activités- et en finances permet au Rapec d’accomplir ses missions. La gestion des partenaires stratégiques, économiques et événementiels ainsi que les modalités de leurs partenariats avec le Rapec, sont de la compétence du bureau exécutif (…)
Qu’attendez-vous de nos lecteurs? Je voudrais l’adhésion massive de vos lecteurs au Rapec; peu importe la rive qui vous a vu naître, la couleur de votre passeport, la nature de votre parcours, le chemin que vous avez emprunté, nous vous invitons à nous rejoindre et à vous engager, à nos côtés, dans le prolongement de cette passionnante aventure qui consiste à mettre la culture au cœur de nos préoccupations. Vous êtes journalistes, acteurs, entrepreneurs culturels ou passionnés de la culture africaine et de l’Afrique ; vous souhaitez participer au 1er Congrès panafricain, les informations sont sur : www.rapec.org.
Interview réalisée par Edem Gadegbeku