10e édition du Festival des Divinités Noires : du 12 au 19 janvier 2025 à Aného et Glidji

Les divinités noires sont définitivement de retour ! Le festival des divinités noires renait ! Le thème de cette édition « Brésil : terre sacrée d’Afrique »Après une première nouvelle mouture en 2024 le festival confirme en 2025 sont grand réveil. Il se tiendra à Glidji et Aného du 12 au 19 janvier 2025 dans un site hors du commun.

Le site du festival est magnifique, étalé de part et d’autre de l’endroit où la lagune se jette dans l’océan Atlantique. Les deux pôles en sont à Aného l’espace ACOFIN en bord de mer et à Glidji l’esplanade devant le palais du roi. Il est à noter que venant de la capitale Lomé l’accès en est grandement facilité : en place et lieu l’ancienne route cabossée s’allonge aujourd’hui une double voie flambante neuve et parfaitement entretenue. Cette année le festival sera dédié au Brésil dont l’ambassadeur au Togo, Nei BITENCOURT, vient de rejoindre inopinément le monde des ancêtres, aux côtés du panthéon des divinités Guin parmi lesquels se trouvent peut-être l’un de ses aïeuls : en effet, nombre de brésiliens ont des origines ici, sans que cela n’apparaisse d’ailleurs forcément dans la pigmentation de leur peau. N’en déplaise, beaucoup de « Blancs » sont en réalité « Noirs ».

 Le festival est un lieu de grande tolérance.

Sa taille à échelle humaine permet de maintenir une authentique qualité relationnelle entre les participants d’ici ou d’ailleurs, initiés ou pas, organisateurs ou touristes. Un carrefour privilégié où des cultures, des religions et des milieux sociaux différents, venant des 4 coins du globe, se donnent rendez-vous.  Plus étonnamment encore, le festival ouvre un espace spatio-temporel exceptionnel dans lequel s’enchevêtrent plusieurs dimensions : un endroit où les ancêtres se manifestent parmi les vivants, un moment où la nature se manifeste dans la culture et ou l’altérité devient familière, sans jamais pour autant rompre le secret. Si la plupart des activités rituelles y sont réalisées par des initiés, elles sont conçues de telle manière à devenir accessible à tout le monde, toute cultures et confessions confondues. La force du festival, et son originalité, réside dans l’universalité de son message.  Maître Têtê Wilson-Bahun précise : « Le Festival des Divinités Noires est devenu au fil des années un espace incontournable pour la célébration des racines spirituelles, culturelles et artistiques des peuples africains et de leur diaspora. Cette 10ᵉ édition, dédiée à la connexion historique et spirituelle entre le Brésil et l’Afrique, marque une étape de convergence pour les traditions africaines et leurs fils à travers le monde. »

Portée par les divinités, la spiritualité vodou mérite en effet de sortir de l’assignation diabolique dans laquelle elle a été enfermée par les missionnaires occidentaux ; une réduction péjorative malheureusement relayée par nombre de contemporains de la côte du golfe de Guinée, en maintenant contre vents et marées la confusion entre pratiques sorcellaires, divination et culte des ancêtres. Ce festival contribue ainsi à dissiper ces malentendus et inscrivant le vodou au rang des grandes spiritualités, en poursuivant l’œuvre de traduction culturelle qu’une telle interconnaissance implique. C’est à cette noble tâche que contribuent les expositions, conférences, ateliers qui rythmeront ces riches journées.

A la fois local et global, le festival ne célèbre aussi l’aventure d’un peuple, le peuple Guin et leur migration : « Les Guins pour une partie, sont venus de la côte d’Accra au Ghana pour s’installer au Togo, suite à une guerre qui les opposa à la communauté Akwamou. Devant la défaite, ils ont dû fuir pour se réfugier au Togo. Cette immigration va se poursuivre entre le 18e et le 19e siècle au point de constituer une forte communauté dans cette partie du Togo » précise l’historien togolais Michel Goeh Akué.

Les Guins nous racontent une histoire riche et complexe qui a su faire contre mauvaise fortune bon cœur, sans éluder les rugosités du passé entre migration forcée, traite négrière, colonisation : « Le Festival honore la diversité des cultures africaines et met en lumière la résilience des peuples qui, malgré les souffrances, ont conservé, adapté et enrichi leurs traditions. Cette édition est une rencontre entre l’Afrique et sa diaspora, et une manière de redonner à la culture africaine la place qu’elle mérite sur la scène mondiale », est-il précisé sur le site sur lequel vous êtes invité à vous rendre régulièrement pour suivre les surprises de la programmation.

La programmation de la 10e édition

La programmation est éclectique. Les activités oscillent autour deux continents : l’Afrique (Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana) et l’Amérique (Brésil, Guadeloupe). Tout se passe comme si les Guins accueillaient l’univers dans toute sa diversité, sans prosélytisme ni exclusion de qui que ce soit, d’un genre à l’autre. Tout un chacun à ici sa place : un adepte d’un couvent voué à Sakpaté y dansera aux côtés d’un membre d’une association culturelle de Salvador de Bahia, tous deux pris dans le rythme de la star internationale KING MENSAH ou d’AFIA MALA qui annonce ici son grand retour. On notera la présence pour la deuxième année d’une présentation de concert-party un genre satyrique populaire qui permet de prendre du recul tout en s’amusant, grâce à l’approche renouvelé de l’hilarant GBADAMASSI qui reprend magistralement le flambeau d’un genre que l’on pensait disparu dans les nuits de la tradition.

Télécharger le programme: PROGRAMME – Festival des Divinités Noires – 2025

L’ensemble est mené avec brio dans un esprit de grande collégialité par une équipe animée du plus bel des esprits, sous l’exigence artistique d’un danseur d’exception, Vincent HARISDO et la vision humaniste d’un notaire de la place, président du Festival, en la personne de Me Têtê WILSON-BAHUN. Ce dernier déclara ainsi à la veille de son ouverture : « Avec cette édition la 10ème , nous arrivons symboliquement à la fin d’une série, d’un accomplissement, et entamons une nouvelle série, un nouveau cycle dans lequel vous serez invités, comme toujours, à partager avec nous une programmation innovante. Que les divinités soient notre Voie et notre Devoir. Bon Festival à tous et à toutes dans l’unité et la diversité ».

Un rendez-vous incontournable.

https://festivaldesdivinitesnoires.org

Bernard Müller

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