Une musique togolaise sur des airs mandingues

Percu Défi D'Afrique
Percu Défi D’Afrique

C’est avec le regretté Kossi Akpovi et Roger Atikpo que l’on avait su que l’on pouvait swinguer avec l’Ewé sur des airs de musique mandingue. Si les deux pionniers le font parfaitement avec la kora, cette étonnante guitare africaine, il n’y pas de doute qu’avec le groupe Percu Défi d’Afrique, l’on vient d’en avoir la meilleure illustration avec la sortie dans les bacs de leur premier album  «Destin». Un opus de toute première qualité, essentiellement basée sur la percussion, enverra sans doute le cher Charles Perrault à ses vieux contes du Chat botté, lui qui dans son Cabinet des Beaux Arts, avait exclu la percussion de l’art sonore. «Ce sont des instruments qu’il ne faut que frapper pour en jouer et dont le ton ne varie». Un jugement aussi péremptoire sans relativiser un tant soit peu ne peut être que superflu.

Comme son nom l’indique en effet, Percu Défi d’Afrique est un groupe cosmopolite constitué de Béninois, de Burkinabè, de Ghanéens et de Togolais, que dirige le Togolais Latévi Kokouvi Lawson, alias Koko. Le groupe se spécialise dans la percussion en mettant à profit sa variation ethnique. Les membres mettent en musique les instruments de percussion les plus courants dans la sous-région en les jouant avec une dextérité à faire pâlir d’envie les Ballets nationaux de Guinée ou de Côte d’Ivoire. «Destin» nous change un peu d’époque mais également de la perception qu’on a de la percu. La percussion sort de sa place folklorique de rythmes de ballets africains d’ailleurs perçus par l’œil occidental comme une musique exotique. Djembés, balafons, castagnettes, gons, cloches, tam-tam, etc… sont allés à la rencontre d’une guitare qui leur trace une symphonie tout à fait africaine mais ouverte sur le monde et à l’usage de tous les goûts. Les morceaux constituent une incursion à travers les cultures africaines.Si l’ensemble de l’album semble être dominé par des rythmes communs aux aires culturelles de la côte ouest-africaine, allant de la Côte d’Ivoire au Nigéria, on sent une forte prégnance des airs mandingues, mais surtout des rythmes togolais, fredonnés dans le Sud du Togo. Avec cet effet charmant et coulissant dans les oreilles que cela fait d’écouter des morceaux en ewé-mina chantés sur des rythmes exécutés au balafon.

S’inspirant donc des traditions musicales africaines ancestrales et des airs modernes, l’album «Le Destin» se décline en sept morceaux plus ou moins guindés. Du « mivado» inspiré des chansons d’acteurs souhaitant la bienvenue aux spectateurs, au très mandingue « molédovi », en passant par « rirorora », l’ode au djembé, ce premier album enregistré dans le studio loméen de Kokouvi Azéto, peut être considéré comme une réussite. Le groupe chante patience, la sagesse et loue Dieu.

Cet opus est d’ailleurs le fruit d’une longue expérience de Latévi Kokouvi Lawson dans le domaine de la percu. Installé au Pays-Bas, Latévi Kokouvi Lawson s’est effectivement lancé un grand défi, celui de hausser la percu sur le piédestal des autres musicaux. Il interpelle les artistes africains en ce qui concerne l’utilisation des instruments africains et la création de musiques typiquement africaines. C’est une pierre lancée dans le jardin des affidés et autres partisans de ce qu’on appelle chichement la World Music.

CD : Le Destin, Percu Défi D’Afrique, Prix 5000 FCFA.

Tony Feda © Togocultures

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.