Togo : Euloge Ezoba Adjéï et son Festival AdiAvou à Hihéatro

Euloge Ezoba ADJEI est un homme de culture, il habite à Bondy dans la banlieue parisienne. Après ses études d’anglais à l’Université du Bénin (actuel Université de Lomé) sanctionnées par une licence, il a jugé opportun de quitter le Togo pour passer un Diplôme de Medias, Arts et Communication à l’Université Paris 8 en France. Les choses ne se sont passées comme il l’aurait voulu. Après ses études, il a d’abord été capturé par l’amour, ensuite envoûté par son travail en communication d’entreprise dans une structure à Paris et il lui est devenu presque impossible d’aller s’installer au Togo. Mais des appels de sa culture natale et surtout celle du rastafarisme l’ont amené à briser un silence dans lequel il s’est mué depuis son départ du pays en 1999.

Il revoit comme dans un film au ralenti son parcours imprégné de reggae : il a milité dans le seul mouvement rasta à l’Université du Bénin, il a été trésorier du Togo Zion Movement pendant 3 ans sur le campus. Ils organisaient des soirées reggae pour expliquer le mouvement rasta à Lomé. Devenu animateur à la Radio Galaxy à Adéwui , il animait à l’époque une émission reggae. La nostalgie de tous ces moments l’a rattrapé. Alors il cofonde en 2004 avec des amis de la FAC à Paris, l’Association The Bridge (Le Pont) pour mener des échanges artistiques et culturels entre le Togo et le reste du monde. Et le Festival de musique Adiavou qui signifie le réveil, naitra. Son cadre, Hihéatro dans les plateaux au Togo.

Pour Euloge Ezoba Adjéï, Adiavou est « une passerelle entre les amoureux de la Culture, un brassage culturel liant l’Europe, la diaspora africaine, les Amériques, l’Asie… » Son rêve est de regrouper à l’origine tous les amoureux de reggae afin de créer une Histoire culturelle à Hihéatro. Puis l’eau a coulé sous les ponts, le reggae n’engloutit plus totalement Adiavou. Le Festival s’ouvre à toutes les formes de musique.

Dix années d’existence et sept éditions se sont passé, son fondateur et directeur artistique se réjouit en faisant à Togocultures un bilan sommaire « le Festival Adiavou a eu le privilège d’accueillir plein d’artistes. La crème du reggae togolais y est passé, je pense à Naty & Stones, Revelation Band, Amen Jah Cisse, Bibish Mola, Ras Gon. En ce qui concerne l’Afrobeat et la variété nous avons eu Sika’a Adjoa, Mirlinda, Agbajah Blu, les Frères Wateba, le groupe Afan sans oublier la présence active du rap togolais avec Ali Jezz, Oli Big, Master Popa et Tesko Le Rebel. Je me permets de dire merci spécial Assima Tcharley Joy ce grand artiste togolais qui a fait le voyage d’Abidjan à Hiheatro pour honorer le Festival Adiavou. Il fait du bon reggae et prépare en ce moment un nouvel album. Il vit maintenant en Guadeloupe. J’ai oublié sûrement certains artistes, qu’ils ne m’en tiennent pas rigueur surtout. »

Sourire aux lèvres Euloge Adjéï se souvient de la joie de la population de Hihéatro en décembre 2014 au moment de la célébration des 10 ans d’Adiavou. « Tous les festivaliers ont vécu une belle célébration. » Mais le chemin a été long. Il y a eu des moments où le directeur a carrément voulu jeter l’éponge tant les problèmes humains, moraux et financiers l’ont découragé. Il se veut un peu philosophe : « l’organisation du Festival Adiavou repose d’abord sur la bonne volonté des membres. Nous ne recevons aucun sponsor, notre détermination est d’autant plus grande à chaque rendez-vous. C’est l’occasion d’inviter les divers acteurs culturels de pouvoir s’intéresser à ce grand rendez-vous. La prochaine édition s’annonce déjà. »

Le challenge pour le Festival Adiavou est de rassembler un plus grand nombre d’artistes du Togo et du continent africain, d’Europe, des Amériques et d’Asie.  Pour y arriver un toilettage de la structure organisationnelle est de mise et il faut peaufiner l’identité de l’événementiel : « il faudra bien améliorer toute la structure organisationnelle. Ce qui permettra de rendre plus visible et lisible dans le monde Culturel et du showbiz en particulier. Hihéatro dispose des atouts énormes sur le plan Touristique, Culturel, c’est pourquoi le mois de Décembre fut retenu pour les manifestations. ».

Comme le dit le proverbe: « Une seule main ne peut grand-chose. c’est la communion des opinions qui pousse la pirogue à l’eau ». Adiavou survivra mais il faut la volonté de tous pour que  ce seul évènement culturel  puisse continuer à sonner le réveil culturel de cette région.

Gaëtan Noussouglo© Togocultures

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