Togo Blitta: De l’ancienne gare au futur « port-sec »

Blitta, la ville togolaise située dans le septentrion, à 266 kms de Lomé était le point de chute du réseau ferroviaire au Togo mis en place par l’administration coloniale. Aujourd’hui, la ville étale ses vestiges et interroge son avenir.

C’est avec surprise que nous avons découvert la ville de Blitta que nous nous illusionnons de connaître, faussement par le visage qu’elle affiche sur la route nationale numéro 1 qui mène de Lomé la capitale à Cinkassé, la dernière ville du Togo. En réalité le centre ville de Blitta est encore à quelques kilomètres de la grande voie. Là, se côtoient les vestiges d’une ville historique et les éléments d’une ville en construction.

Centre culturel de Blitta au Togo Photo: Cyriaque Noussouglo
Centre culturel de Blitta au Togo Photo: Cyriaque Noussouglo

Les visiteurs et autres touristes y trouveront le Centre International de conférences pratiquement neuf, fier de ses atours actuels, valorisant un jeune artiste, Georges Saa et côtoyant les ruines du « mythique » Blitta gare. Le dernier train y avait sifflé il y a plus d’une trentaine d’années !

La gare ferroviaire qui n’est l’ombre que d’elle-même avec des bâtiments dont certains sont encore plutôt préservés. A la vue de ce site, c’est tout le passé socio-économique de cette ville, voire du pays qui afflue à notre mémoire, une ville hier grouillante de mille activités, qui semble sommeiller, malgré de beaux bâtiments qui claire-sèment son paysage englouti dans des « teckeraies ».

Les autorités politiques actuelles, conscientes du passé « prestigieux » de Blitta ont émis le souhait d’en faire de nouveau l’épicentre d’activités socioéconomiques avec l’idée de la transformer en « port sec », c’est-à-dire un endroit qui accueillera, comme en relais, les conteneurs et les affluences du port autonome de Lomé située à 266 kms en amont.

Ce projet est audacieux mais n’a rien d’entreprise pharaonique. L’intérêt, c’est de relancer les rails et le transport ferroviaire, ensuite de faire de la ville une sorte de « troisième capitale » après Lomé et Kara, enfin de préserver la ville de Lomé d’un trafic portuaire de plus en plus intensifié avec l’agrandissement du port de Lomé. Les transporteurs et les clients de l’hinterland enclavé comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger n’auront qu’à faire la moitié du chemin du port, celui-ci allant à leur « rencontre » à Blitta. Ce que le Ghana fait déjà en ayant étendu le trafic ferroviaire vers le Burkina.

Centre de Conférence Blitta
Centre de Conférence Blitta

Les perspectives de développement sous-tendues par ce projet sont énormes. Elles auront le mérite de remettre la vie dans une ville autrefois grouillante et d’ouvrir des possibilités de gain de temps et d’argent aux opérateurs économiques, sans compter la possibilité pour une fois, d’installer le développement durable hors de la capitale.

Autres avantages. Dans une perspective urbanistique et environnementale, ce projet politique remet la construction de villes modernes au cœur de la réflexion politique au Togo. Si ce n’est pas la première fois – l’expérience avait été tentée à Kara à plus de 400km de Lomé-, le projet, à notre avis, aura le mérite de remettre tous les ingrédients actuels de la construction d’une « ville intelligente » au cœur de la préoccupation de nos dirigeants.

Toute la question est de savoir si le Togo pourra un jour relever un tel défi qui a vu dans les temps modernes s’édifier Brasilia au Brésil, Malabo en Guinée Équatoriale ou plus près de nous Abuja la nouvelle capitale du Nigeria dont on vante les mérites de ville « réussies » ? Que dire du nouveau Caire annoncé par le « Nouveau Pharaon » Sissi qui vient d’administrer une magistrale leçon inaugurale par l’agrandissement du canal de Suez ! Le Togo n’est pas l’Egypte encore moins le Nigeria. Mais « qui vivra verra »!

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