Les chants Akpalou en pays Ewé

Le terme Akpalou désigne trois formes de chants et danses traditionnels en pays Ewé. Les Ewés occupent la presque moitié sud du Togo ; leur espace géographique s’étend jusqu’au Bénin à l’est et le Ghana à l’ouest. Le mot vient du nom d’un célèbre chanteur et compositeur Ewé appelé Akpalou, originaire d’Anyako (Région de la Volta au Ghana), et réputé pour ses chansons de circonstances empreintes de railleries et de philosophie.

Akpalou désigne :

  • le chant funèbre chanté et dansé par les femmes appelé communément « Yohomé ha » ou « Tsoxomè ha » (chant funéraire, selon les différents dialectes ewé)
  • Les chansons de circonstances,
  • Les chants d’Eglise
Chanteuses et danseuses Akpalou à Kévé Photo: Gaëtan Noussouglo
Chanteuses et danseuses Akpalou à Kévé Photo: Gaëtan Noussouglo

D’une façon globale, il y a les chansons de tristesse chantées surtout pendant les veillées  funèbres et les chansons de joie appelées Akpalou ha qui expriment la joie et sont aussi empreintes de philosophie.

Le chant akpalou est uniquement  dansé par les femmes, notamment les personnes âgées pendant les veillées funèbres. D’où peut-être la lenteur et la faiblesse du rythme de la danse et de la chanson. Les principaux  instruments musicaux utilisés sont le gong (gakokoé) et les castagnettes (Asogoé).

La danse proprement dite est exécutée avec souplesse ; il s’agit de mouvements de légers battements du bras et de l’avant-bras en position perpendiculaire.

A Kévé, lors d’un reportage de www.togocultures.com , la scène du chant Akpalou était disposée de façon circulaire, les femmes, généralement proches de la soixantaine, étaient assises sur des tabourets disposés en cercle. Le tabouret est ici chargé d’une symbolique. Appelé communément « adokponou zikpui » (tabouret de cuisine) ou « felipé zikpui » (chaise sur laquelle on s’assied pour réclamer ses créances), ce tabouret incarne une situation relative au quotidien et véhicule des histoires que vivent ces femmes . A la cuisine, on ne fait pas que la préparation des mets. Elle est aussi le lieu d’échanges et de beaucoup de commerce, dont les commérages et autres médisances de bonnes femmes. A la cuisine, on aiguise sa langue ou on apprête aussi les armes souvent langagières contre la coépouse, contre le mari, on mijote et ourdit les complots de ménage, on raille.

De même, réclamer des créances en milieu Ewé, c’est aussi entrer dans une situation conflictuelle avec le débiteur, qui ne contraste pas toujours avec l’âpreté des discussions. Quand on va réclamer des créances, généralement contre des femmes, on y va avec l’intention de faire querelle. Quand le créancier arrive chez son débiteur, pour l’inviter à s’asseoir ce dernier lui propose un tabouret, qui n’est pas un siège confortable. S’ensuit alors tout un échange mi-figue mi-raisin, aigre-doux et les noms d’oiseaux volent en éclat.

Tony Feda © Togocultures

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