L’Artiste Myekemy et l’esthétique de la tôle

Myekemy dans son atelier Photo: Cyriaque Noussouglo
Myekemy dans son atelier Photo: Cyriaque Noussouglo

Dans la production artistique et artisanale, beaucoup de nos compatriotes se sont essayés au bois, à la pierre, à l’argile… Quant à Folligan Têko Max alias Myekemy (abréviation de l’éwé, langue parlée dans le sud Togo : « Mi tsoekémi : nous (je) vous pardonnons »,), il a décidé d’extraire de la beauté à partir de la tôle, une tôle fine que l’artiste informe de ses intentions, transforme avec ses dessins, retravaille, fait cuire à petit feu pour lui imprimer la forme voulue.

Tel l’émule de Jéhovah, le Grand Architecte de l’Univers qui a tout fait exister par la géométrisation, la beauté et la parfaite harmonie de sa guitare, l’artiste n’a pas de limite lorsqu’il s’agit de ciseler, de dessiner, de sculpter et ce de façon originale. La technique utilisée par Myekemy consiste à faire d’abord un dessin sur la tôle, puis à le poinçonner pour lui faire garder les marques du dessin initial.

La tôle est ensuite mise au feu pour noircir au gré de l’inspiration de son démiurge. Après, tel le potier le fait de l’argile, Myekemy fait prendre à la tôle, de façon adroite et progressive, bosses, ronds et autres formes désirés par efforts de presses successives. Le métal est alors poli avec force coups répétés et orientés à partir d’un petit ou gros maillet, suivant la forme que l’artiste veut. S’en suit un travail méticuleux de polissage, une œuvre de patience et d’habileté faite de contraintes, une œuvre de recherche de style et de motifs variés.

Par cette technique apprise en 2006 d’un artiste de RD Congo et retravaillée, Myekemy tente de varier la production de l’art et de l’artisanat d’art. Bientôt, il compte faire prendre des couleurs à la tôle travaillée.

Jimmy Hendrix par Myekemy Photo Cyriaque Noussouglo
Jimmy Hendrix par Myekemy Photo Cyriaque Noussouglo

Déjà à l’actif de Myekemy qui, après un bac technique série G2 (gestion) obtenu en 1986 au Lycée Technique d’Adidogomé à Lomé a voulu laisser libre cours à son don artistique, une vingtaine d’œuvres avec lesquelles l’artiste s’est présenté au SIAO (Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (Burkina Faso) qui s’est tenu du 27 octobre au 7 novembre 2010.

Les œuvres de Myekemy sont en partie exposées au Village artisanal de Lomé où lui-même travaille. Il fait aussi de la décoration d’intérieur et de la décoration pour fêtes. L’artiste se propose de faire dans quelques mois, une exposition d’une plus grande envergure.

Cette technique du dessin et de la peinture à la tôle, dont les précurseurs au Togo sont Kossi Assou et Sokey Edorh, fait pousser aujourd’hui les limites de l’artisanat d’art et contribue au renouvellement des formes de l’artisanat togolais qui doit encore explorer le travail du bronze ou du marbre par exemple. Il reste à espérer que la recherche de l’originalité fasse prendre à d’autres artistes ou artisans d’art togolais, tel Myekemy, des pistes innovatrices.

Cyriaque Noussouglo © Togocultures

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