Henry Motra, l’homme qui danse avec les chevaux

Le chorégraphe Henry Motra est un homme heureux en tout cas de son expérience de chorégraphe depuis plus d’une quinzaine d’années, de son parcours aux côtés de Ass Ayigah, de la Compagnie Sojaf jusqu’à la création en 2000 de sa propre compagnie. Il puise sa passion du travail bien fait depuis sa plus tendre enfance et de l’observation de la nature : chants et danse des oiseaux et des animaux. De son vrai Komi Agbéko Amedzro ce danseur longiligne natif de Kpalimé qui a fait ses armes à Lomé, a quitté le Togo pour s’établir en France et aujourd’hui en Allemagne.

Il est connu des Togolais sous le pseudonyme Henry Motra, un hommage à son grand-père maternel, un forgeron de la région de Vogan qui l’a soutenu dès les premiers instants de sa carrière. A ses côtés le jeune Komi a beaucoup appris de lui. Dénommé par les Allemands Heinrich, son grand père a travaillé pour l’implantation des chemins de fer au Togo. Et l’idée d’aller résider en Allemagne n’a jamais effleuré le jeune Komi Agbéko jusqu’à la fin de 2009. Concours de circonstances ou prémonition ? Son pseudonyme Henry Motra lui permet de se sentir à la fois danseur traditionnel et moderne et de mettre son art à la portée de tous.

Le chorégraphe Henry Motra
Le chorégraphe Henry Motra Photo: Philipp Marius Pieper

Formé à l’Ecole de danse de Ass Ayigah à Lomé, Henry Motra a suivi des stages de perfectionnement avec le danseur Buto japonais Katsura Kan à Lomé, la célèbre Germaine Acogny au Sénégal, au Centre National de Danse (CND) à Paris et à Lomé. En 2000, il crée la Compagnie Motra et trois ans plus tard le centre de danse qui porte son nom d’artiste. Henry Motra est prolifique : de 2000 à 2007, une dizaine de créations était à son actif, entre autres « La Messe Noire », « La force du silence », « L’éclipse ». Sa danse, fruit d’une vision empreinte de génie et de bon sens, séduit à la fois les locaux et les étrangers. Ce qui le portera hors des frontières togolais et l’aidera à bénéficier de l’appui des institutions françaises pour des tournées en Afrique et en France. A partir de 2006 Motra a travaillé sur trois créations une création de Karine Saporta,  SOS Bunker version Afrique de la Cie Art Mouv de Hélène Taddei et Tommy de Lawson Dancing in forest  de la Compagnie Motra, à Bastia en Corse et en Afrique. De 2007 à 2009, des conventions unissant les compagnies Motra et Karine Saporta ont boosté sa créativité. C’est avec la Compagnie de Karine Saporta qu’il a remplacé un danseur dans le spectacle équestre « Wild » qui définit les rapports entre l’homme et l’animal. L’homme n’était-il pas animal ? A quel moment l’animal est-il devenu Homme ? Cette danse avec le cheval à la plage, dans le chapiteau va transformer Henry Motra en animal danseur, s’en suivra une tournée de ce spectacle à Monaco, Anvers, Normandie et un peu partout en France. Enfin sa rencontre avec Peter Kpodzro, de l’association Adesca, a été décisive. Elle a permis à l’artiste d’être ce qu’il est aujourd’hui.

Installé en Allemagne fin 2009, Henry Motra donne des cours de danses dans les établissements scolaires et dans un centre d’animation. Il travaille en collaboration avec le Théâtre de Freiburg. En 2014, il revient à Lomé pour son spectacle Kpoda au Grand Rex et au Goethe Institut de Lomé. Il se définit comme un artiste nomade, citoyen du monde, un pont entre l’Afrique et l’Europe : « le pont entre l’occident et l’Afrique est nécessaire pour une créativité saine. » confie-t-il à Togocultures. Henry Motra a tourné en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique. Dans les années à venir, il nourrit plusieurs projets pour redynamiser son centre de Lomé et offrir de meilleures visibilités aux créateurs togolais.

Gaëtan Noussouglo © Togocultures

Crédit Photos: Philipp Marius Pieper

 

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