Vous avez dit batterie ? Jeu d’enfant au Togo !

Joseph ou Jo Gape l’enfant prodige à la batterie
Joseph ou Jo Gape l’enfant prodige à la batterie Photo: G. Noussouglo

Dans les hauteurs de Kpalimé, dans un village de Kouma, l’équipe de Togocultures partie à la recherche des us et coutumes du Togo, découvre un joyau : Joseph ou Jo Gapé (photo), l’enfant prodige à la batterie. Ce jeune homme d’à peine 11 ans défie tous le musiciens du monde et tous les enfants suivant des cours de musique en occident ou en Afrique et gavés d’instruments de musique. Plusieurs instruments décorent les chambres des enfants nantis mais la plupart sont remisés aux rangs des jouets.

Jo Gapé n’a guère besoin de tout un arsenal pour assumer la part de musicalité cachée en lui. Il se moque du manque de moyens de ses parents pour l’aider à faire ce qu’il adore le plus, la musique. Il guette les couvercles des casseroles inusités, les boites de conserves (tomates, sardines), les sacs plastiques, des bassines, les seaux et les bâches plastiques, des clous, des fils et des fils de fer, des canettes de boissons, quelques bois pour se fabriquer sa batterie.
Avec ses verres correcteurs qui lui donnent une allure d’intellectuel, ses tongs appelés au Togo mal polis « djimakpla », l’enfant-prodige de la musique, pardon le Roi de la batterie, trône sur un groupe d’une vingtaine d’enfants leur insufflant la joie et la bonne humeur. La musique adoucit leur vie. Assis sur un tabouret renversé et mis à une certaine hauteur, il se délecte avec art de sa batterie.

Son équipe est très soudée, chacun s’aide pour amener les instruments et les placer sur la cour du chef du village qui, visiblement, découvre aussi l’art de ces enfants. D’autres enfants s’arment de boites de conserves à l’intérieur desquelles ils ont glissé des cailloux pour fabriquer leurs castagnettes et le tour est joué. Ils battent « la musique ». Pendant plus de 20mn, ils nous ont amenés dans leur monde. Le bonheur est dans le jeu des instruments. Dans le grand Kloto, les chansons religieuses ont remplacé les chansons traditionnelles dans les danses et chants « Bobobo  » et Akpèssè. L’influence est claire, ces enfants, dans leur enchainement, alignent les chansons « Bobobo » qu’on découvrira plus tard chez leurs parents qui dansent le «  Toudji », un autre dérivé d’Akpèssè.

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on distingue clairement la grosse caisse – les cymballes -la caisse claire et les toms
Dans le groupe, une jeune fille d’une dizaine d’année tient une liste de chansons pour que les enchainements se fassent sans heurts. L’enfant à la batterie est à l’écoute, ils changent de rythme, d’ambiance, et le groupe sait quelle chanson suivra. C’est un vrai régal de suivre ce concert unique en plein jour, dans la cour du chef. Rien n’est laissé au hasard par ces enfants qui ont entre 8 et 12ans. Une autre relève attend impatiemment le moment d’intégrer cette équipe : ce sont les enfants de 4 à 6 ans mis un peu à l’écart du groupe qui n’hésitent pas à battre la mesure, à chanter et à danser.

Ils donnent une vraie leçon de récupération au monde. Quand l’envie vous prend de faire de la musique et vous n’avez pas les moyens, ne pleurez pas sur votre sort, ayez l’esprit de créativité et récupérez dans la nature tout ce qui peut vous aider à être à la hauteur de vos ambitions. La leçon est claire. Reste maintenant que ces enfants doivent atteindre un autre palier de leur ambition : faire de la musique autrement. Ainsi, il suffira juste d’organiser des ateliers artistiques avec des chanteurs et musiciens professionnels pour que demain le monde entende parler de ces petits êtres si bons, si doux et si sereins dans leur quête musicale légitime.

Gaëtan Noussouglo © togoculture

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