Artiste Courage dont l’œuvre ne semble pourtant pas très empreinte d’engagement, la peintre Sabine Medowokpo anime depuis deux semaines un atelier d’initiation des enfants issus des classes défavorisées à la peinture. La formation a lieu dans son atelier sis au quartier Adjololo. Cet atelier de quatre semaines est la première étape d’un long processus ambitieux et un tantinet idéologique destiné à faire entrer l’art dans les classes pauvres et susciter la vocation artistique chez les enfants. «Je me suis rendue compte que ne sont présents pendant les expositions dans les centres culturels que des gens cultivés, des étudiants et aussi des personnes issues de la bourgeoisie. Je me suis dit qu’il serait intéressant aussi d’avoir des gens issus des milieux défavorisés, cela pourrait changer la façon de travailler de l’artiste. Il n’est pas dit que seuls les gens riches ou cultivés ont du goût. Les gens issus des classes pauvres, classe à laquelle j’appartiens peuvent aussi penser à la décoration de leur maison, ils ont eux aussi un art de vivre», explique l’artiste au sixième jour de son atelier.
Ainsi donc douze enfants s’amuser à barbouiller les feuilles blanches, à construire des mondes sortis de leur imagination. «Les premiers jours, c’était un peu difficile, ils s’ennuyaient un peu. Mais au tournant de la deuxième semaine, ils ne voulaient plus quitter l’atelier après les heures d’initiation», raconte l’artiste à www.togocultures.com . Depuis sept jours, les enfants sont initiés aux notions basiques de la peinture. «Le premier jour, je leur ai laissé le temps de s’exprimer librement, histoire de voir et de constater la situation de chacun d’eux ; ensuite, le second jour je leur ai donné des indications sur ce que c’est que la vision d’un artiste, car l’œil de l’artiste doit être différent de celui du regard commun. Puis, nous sommes passés au mélange des couleurs, à l’ombre et à la lumière », a dit Sabine Medowokpo.
Parvenue elle-même dans le paysage national des arts plastiques au prix d’énormes sacrifices et de disputes familiales, Sabine Medo se constitue en éveilleur des consciences pour montrer l’exemple. Cette artiste qui fait un art à la fois populaire et sélect déclare que «la culture est levain du développement, la jeune fille cultivée est une chance pour son pays, car il vaut mieux avoir une jeune fille cultivée qui a du caractère et de l’ambition que celle à l’horizon terni qui devient la proie baisable et corvéable à merci des hommes, comme la prostitution enfantine que cachent nos sociétés mais que le bon observateur voit bien dans notre capitale».
La formation est prévue pour une durée de trois ans, l’artiste prenant sur elle de suivre les enfants initiés pendant cette période. Elle leur laisse des carnets et du matériel de travail pour continuer à peindre à la maison. La plasticienne réalise cet atelier sur fonds propres et un peu grâce à la donation de quelques amis. «Je remercie tous ceux qui m’ont apporté leur soutien pour la réalisation de cet atelier, notamment Me Foli Jean Dossey, avocat au barreau de Lomé ».
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Publié le 17 septembre 2009