Renya Ketoglo a presque une double casquette : artiste professionnelle de la chanson et étudiante au Conservatoire de musique de Tourcoing en France. Elle chante le gospel avec un mélange de jazz et de blues. Pour elle, il n’y a pas de rupture, il y a continuité pour mieux prendre les dimensions de son art, le peaufiner et maîtriser les techniques requises pour le bonheur des mélomanes.
Sur le plan des instruments « Je touche du piano. Mon grand père était un grand pianiste », nous confie –t-elle modestement. Cinq années encore pour finir ses études de neuf ans, elle ne croise pas les bras. Elle s’organise pour faire des concerts live en privé et en public. On la voit à Lomé, en France se produisant ou participant à des festivals de chansons.
Cette jeune fille de 30 ans est née dans une famille de musiciens. Elle a fait ses armes au Collège de Dabou en Côte d’Ivoire et dans le groupe musical de la Chapelle des Assemblées de Dieu de l’ESTAO/FATAD encouragée par sa famille à chanter Dieu et l’Evangile. Le Gospel s’est imposé à elle « je veux vivre une vie en conformité avec l’Evangile ». Le Gospel qui signifie la parole de Dieu ou l’Évangile, s’est développé chez les anciens esclaves d’Amérique, retrace en filigrane la vie des anciens esclaves dans les plantations aux États-Unis et cet espoir d’atteindre la terre promise et la libération.
Renya travaille intensément. « Sans Dieu, que deviendrais-je ? Dieu est mon secours et mon soutien», crie-t-elle dans ses chansons. Des cris de cœur, d’amour, de douleur suintent dans ses chansons d’adoration et de louange pour offrir ce qu’elle a de plus cher à son Dieu : sa vie et ses histoires personnelles. « Mes histoires m’appartiennent, elles font partie de ma personnalité. Je ne veux pas les communiquer à tout le monde. Elles sont incrustées dans la plupart de mes chansons.»
L’esprit de partage a toujours prévalu dans ses chansons. La volonté de chanter ne suffit pas, il faut avoir la technique, toute la technique. Sa famille s’est organisée pour l’aider à assumer sa « vocation ». Elle se rappelle la petite réticence de son père au début, « le travail artistique est un travail très instable, financièrement », se confie-t-elle. Le rêve de tout parent est que les enfants puissent avoir un salaire à la fin du mois. Mais il se laisse séduire par les arguments de sa fille et l’encourage dans sa voie. Son grand père n’était-il pas pianiste ? Renya adore écouter le gospel et le jazz, les classiques, Yolanda Adams, Ayo la nigériane. Elle aime le travail des artistes de la chanson togolaise Guy Rodrigue, Vanessa Worou, …
Le choix de Gospel dans un environnement français où la laïcité a pris le pas sur les religions ne l’effraie guère. Elle est sûre d’elle, elle a la conviction que c’est son genre de musique. Il faut trouver les textes, les mots pour ne pas heurter la sensibilité des gens sans perdre en rien le message qu’on veut véhiculer : « Il faut chercher comment amener les choses pour ne pas choquer ; il y a un public pour tout, un vrai public, un public intéressé. ». Elle en a les moyens et le talent. Ses deux albums le prouvent bien. Elle est aussi consciente que le métier artistique est très difficile dans tous les pays du monde et nécessite du travail, de l’organisation personnelle. « Je fais des aller-retour entre le Togo et la France. Le métier artistique n’est facile nulle part. Il faut se battre pour trouver des dates, s’accrocher, jusqu’à ce que la sauce prenne, des frais engagés à combler ! »
Comme projet d’avenir, elle travaille sur des projets personnels « j’écrie de nouvelles chansons, un travail de longue haleine, je poursuis mes études perso en chant jazz, il reste encore 5 ans. Il faut neuf ans pour finir le cursus. Je suis dans la musique à plein temps »
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Gaëtan Noussouglo ©Togocultures