Régis Ketoglo est un jeune artiste de la chanson togolaise vivant au Sénégal. Interview par notre équipe, il parle de son travail, critique la vision étriquée des Togolais qui ne veulent pas soutenir la culture et montre enfin à suffisance que ses liens de parenté avec Renya et Kezita Kétéglo ont beaucoup influé son travail. Confidences.
Qu’est-ce qui diffère le monde musical togolais de celui du Sénégal ?
On retrouve au Sénégal, beaucoup plus de promoteurs culturels par rapport au Togo. Compte tenu de la situation économique au Togo, les gens investissent moins dans la promotion musicale et ainsi, de nombreux jeunes talents sont souvent dans l’ombre. Il est vrai que la vie est quand même plus chère au Sénégal ; mais cela ne constitue pas un frein pour le développement et l’épanouissement du monde musical. On retrouve aussi un brassage culturel très fort : avec la présence de plusieurs nationalités, donc des styles très variés. Cela constitue une grande richesse pour ce pays.
Qu’a apporté votre immigration au Sénégal à votre carrière de chanteur ?
C’est ici au Sénégal que ma carrière de chanteur a vraiment pris de l’élan. Au pays, je ne chantais que dans la chorale de mon école. Ici, j’ai beaucoup appris ; non pas seulement dans le milieu du chant choral, mais aussi dans le milieu orchestral. L’invitation à divers karaokés et la participation à divers soirées et concerts m’ont permis de me découvrir moi-même et d’appréhender le talent que j’ai et qui est ce don sacré que Dieu m’a donné : la voix. J’ai eu par ailleurs à rencontrer des gens qui m’ont aidé à me parfaire et à toujours travailler, car seul le travail paye ! Tout cela a été couronné par l’apprentissage d’un instrument de musique : la guitare.
Comment définirez-vous aujourd’hui votre rythme musical ?
Je n’ai pas pour l’instant un rythme musical fixe. Je suis attiré par plusieurs styles ; mais j’envisage d’évoluer dans au moins 4 à 5 styles selon mes inspirations.
Lorsqu’on est cousin de Renya et de Kezita (deux chanteuses bien connues au Togo), n’est-on pas tenté de temps en temps de suivre les rythmes musicaux promus par ces deux sœurs ?
Ah oui ! Justement, on est très tenté et je le suis d’ailleurs. C’est cela même qui me pousse à varier mon style. Je ne peux pas investir dans un choix musical pour le moment. J’ai appris à redécouvrir le reggae grâce à Kezita. Et je le trouve très intéressant. Quant au gospel (le style de Renya), c’est un style, en tant que choriste, qui ne peut qu’attirer mon attention.Par ailleurs, j’ai acquis une capacité d’écoute musicale. Et en tant que choriste, je perfectionne ma voix. Je partage avec d’autres la passion pour le chant. Il faut se mettre au diapason des autres pour ne pas nuire à l’unité du groupe. Tu dépends d’eux comme ils dépendent de toi. Tous ces critères réunis ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui, musicalement parlant.
Vous avez actuellement sous la main un premier maxi single nommé « Pourquoi ». Faites-nous le portrait de « Pourquoi ».
« Pourquoi » est un maxi single qui parle de paix, d’amour, de tristesse, de peine et de joie aussi. Il interpelle vraiment les jeunes sur la prise de conscience face aux maux dont est victime notre monde d’aujourd’hui. Le titre éponyme de cet album est le premier morceau. Je me pose des questions sur les problèmes de la vie, tout ce qui se passe de mal dans le monde et où j’interpelle en demandant la paix pour un monde meilleur. Dans le second morceau intitulé « Africa Unit », je demande tout simplement que l’Afrique soit unie comme un seul Homme pour un monde plus radieux et un développement certain. Le dernier morceau « Repose en paix » parle plutôt de souffrance et d’adieu, il a été réalisé avec un de mes amis artiste béninois « Giovanni Gazard », nous chantons à la mémoire de tous ceux qui ont quitté ce monde et dont seul Dieu connaît la droiture.
A quand donc votre premier opus, et qu’est-ce qui fera sa particularité ?
Pour le moment, j’y travaille. C’est un peu dur de toujours financer soi-même ses réalisations, surtout quand on n’a pas de moyens. Je lance un appel pressant aux producteurs ou à toute personne désireuse de m’aider à réaliser cet opus. Je promets qu’ils ne seront pas déçus. Mon premier opus prendra divers styles musicaux, avec des textes éducatifs et appelant à une prise de conscience consciencieux.
La prise de position sur des questions politiques par les artistes n’est pas la chose la mieux partagée au Togo… Comment l’expliquez-vous ?
Normal ! Au Togo, la corruption a entraîne les artistes vers la facilité. Pour des pièces sonnantes et trébuchantes, ils deviennent des thuriféraires du parti au pouvoir ou de l’opposition. Conséquence : leur prise de position n’est souvent pas pertinente et donc pas prise au sérieux.
Vous vous réclamez un disciple de Tiken Jah Fakoly qui appelle à une « African Revolution ». A la faveur des 50 ans de 17 Etats africains, quel message avez-vous à lancer aux Africains pour une « autre Afrique » dans cinq décennies ?
A la faveur des 50 ans des 17 Etats africains cette année, le message que je peux lancer aux Africains pour une « autre Afrique » dans cinq décennies est de laisser de côté nos différends, de lutter pour un monde de paix et de tranquillité, de briser les frontières et être unis afin de faire de notre mère Afrique, un continent digne de ce nom, qui puisse valablement faire notre fierté par rapport aux autres continents ! Moins de corruption, de pauvreté et plus de responsabilité de la part de nos dirigeants pour une Afrique forte et prospère.
Qu’est-ce qui meublera votre emploi du temps artistique dans les mois à venir ?
Pour le moment, il n’y a pas grand-chose. Avec mon manager, nous sommes en train de voir comment me positionner pour des prestations dans différentes soirées ici à Dakar, afin que les gens me connaissent et découvrent mes sons en attendant l’enregistrement d’un album complet riche en couleurs. Ensuite, je pourrai penser à ce qui viendra après. Mais j’envisage surtout faire un tour au pays natal, le Togo, pour ma promotion et me faire un nom dans le milieu artistique, surtout dans la musique car c’est très important. On n’est jamais aussi bien que chez soi. … Je vous remercie …
Interview réalisée par Edem Gadegbeku