Quelles réformes pour le FAC ? Le ministre Kossi Lamadokou a largement échangé avec les acteurs culturels. La salle Evala de l’Hôtel du 2 février a servi de cadre hier le 20 avril 2021 à une fructueuse rencontre d’échanges sur les nouvelles orientations à imprimer au Fonds d’aide à la culture (FAC) dans le cadre d’une réforme que voudrait opérer le ministre Kossi G. Lamadokou de la culture et du tourisme.
Mesurant l’urgence et la nécessité de ladite réforme, le ministre a déclaré : « aujourd’hui, nous sommes dans une situation qui nous oblige à réformer le Fonds, à rechercher et disposer de plus de moyens afin de pouvoir financer à la fois les projets et les infrastructures culturelles, d’abord par région, ensuite par préfecture. ». C’est en présence d’une cinquantaine d’acteurs culturels représentant toutes les fédérations et les divers secteurs des arts et de la culture que le ministre Lamadokou a lancé ce débat et discuté pendant plus de deux heures d’horloge avec les premiers concernés, pour savoir les réformes consensuelles à opérer sur le FAC.
Lancé en 2013 par le Gouvernement qui met chaque année 300 millions de francs CFA à la disposition des acteurs culturels pour accompagner différents projets, le FAC se trouve au centre de controverses. Beaucoup de récriminations sont parvenues aux oreilles du Gouvernement. C’est la raison pour laquelle le ministre Lamadokou a initié cette réunion tout à fait décomplexée pour envisager une sortie de crise et orienter le FAC vers des réformes approuvées et voulues par le plus grand nombre de professionnels des arts et de la culture.
Les interrogations portent sur la périodicité des appels à projets : faut-il le faire chaque année au risque de disposer rien que de 300 millions pour financer des projets ou faut-il aller à une biennale de financement des projets qui porterait le financement cumulé à 600 millions tous les 2 ans ?D’intéressantes pistes ont été explorées et des questionnements fondamentaux ont été exprimés. Avec le FAC, ne faut-il pas définir des priorités et des objectifs à atteindre dans 5 ans, dans 10 ans pour la culture togolaise ? Qu’en est-il de la prise en compte équitable de tous les secteurs dans la répartition du fonds ? Doit-on aller à des quotas par secteur ? Les fédérations d’associations culturelles doivent-elles porter des projets ou bien il faut que cela se fasse par des acteurs individuels ? A propos des infrastructures, ne faut-il pas accompagner les centres culturels privés existant en définissant des attentes et objectifs à atteindre dans le cadre des productions et créations qu’ils se doivent d’accueillir ? Sur quoi doit-on travailler ? La création ? la circulation ou la diffusion culturelles ? Pourquoi certains acteurs ont-ils l’impression que leurs secteurs d’activité sont délaissés : le théâtre, la danse, les arts visuels ? Que faire pour arriver à réduire la fracture culturelle existant entre Lomé et les autres villes qui semblent manquer de tout ? Comment accompagner les acteurs culturels dans la représentation et la visibilité internationales de notre pays et de nos cultures ?
La Covid 19 et la précarité que cela entraine pour le secteur culturel a été également abordé. Devant l’impression largement dégagée par les acteurs culturels que l’Etat semble les avoir oubliés pendant cette crise alors que d’autres franges de la société ont été « secourues » par le programme « Novissi », le ministre a répondu que le Chef de l’Etat, en bon père de famille, est obligé de penser à la meilleure manière de porter assistance à tous les secteurs pour ne pas donner l’impression d’en privilégier certains au détriment d’autres.
Tout en invitant les acteurs culturels à faire parvenir leurs idées et propositions, le ministre a convenu avec les participants que des appels vont être lancés très bientôt pour le compte de cette année 2021 avec des critères étudiés afin le FAC soulage quelque peu, dans la mesure du possible, le plus grand nombre d’acteurs culturels en proie au désarroi des plus profonds.
Cyriaque Kodjo Noussouglo