Oulegoh Kéyéwa Photo:Gaëtan Noussouglo

Par les Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC) : Démocratiser l’accès à la culture

Oulegoh Kéyéwa Photo:Gaëtan Noussouglo
Oulegoh Kéyéwa Photo:Gaëtan Noussouglo

A la fin de l’année 2009 et au début de l’année 2010, le Ministre de la Communication et de la Culture, M. Oulégoh Kéyéwa a posé la première pierre de la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de Kétao (dans la Binah, au Nord du Togo), réceptionné le 23 janvier 2010 la Maison des Jeunes et de la Culture de Pagouda (Chef lieu de la Préfecture de la Binah située à 45 kms de Kara) et annoncé la construction  prochaine de la MJC de Sola, une localité située à 16 kms de Pagouda.

Pagouda est une petite tranquille, aux paysages magnifiques qui a, entre autres, donné au pays un célèbre Griot, Yassi Sanakou Wényénéma, connu sous le nom  Griot de Pagouda, décédé le 25 août 2007 et dont la guitare monocorde recouverte de peau de bête et de quelques cauris appelée le tchimou et les airs aux accents particuliers ont agrémenté le patrimoine musical du pays.  Ce monsieur a fait le tour du monde dans les années 80 aux heures de gloire de la troupe nationale togolaise. On dit même que ses chansons se vendent à la FNAC en France !

La rénovation de la Maison des Jeunes et de la Culture

La Maison des Jeunes et de la Culture de Pagouda a été construite en 1963. Avant sa détérioration avancée, elle avait évidemment servi des années durant comme espace d’expression des jeunes de la localité. Un ministre présent à la réception du bâtiment se souvenait avec un plaisir et une fierté légitimes qu’il avait fait là du théâtre pendant sa jeunesse. Le Ministre de la Culture a pris sur lui de rechercher les fonds de la réhabilitation. En l’occurrence, c’est la LONATO (Loterie Nationale Togolaise) qui a financé la réfection du bâtiment j’allais dire patrimonial pour un montant total de 14 millions de FCFA (environ 21342,86 euros).

D’une capacité de 500 places assises, ce complexe culturel comprend une grande salle de spectacle avec un podium conséquent, deux salles de préparation et d’habillement et des toilettes modernes. Il faut se féliciter de la remise en service et du regain d’intérêt et d’activités autour des MJC. Cela a le mérite de relancer le débat de la décentralisation des espaces et des équipements de proximité permettant les expressions culturelles et l’accès démocratique des jeunes à la culture.

De la nécessité d’implantation des équipements socio-culturels de proximité

Il convient de souligner que dans les années 80, la politique d’aménagement du territoire avait prévu un volet équipement culturel. Mais, il faut regretter que cette politique n’ait pas abouti à équiper effectivement les localités du territoire national de complexes socio-culturels.  Le plus grave est le spectacle désolant des bâtiments majestueux à l’abandon que des travaux inachevés ont essaimés sur le territoire national. Les cas symptomatiques sont ceux des centres socio-culturels de Kara et de Bafilo (au Nord du pays) aujourd’hui restés à l’état de bâtiments laissés en pâture aux mauvaises herbes et aux intempéries ! Des investissements perdus pour l’Etat et les bénéficiaires potentiels ; de véritables gâchis ! A ces cas triés sur le volet, ajoutons l’arrêt brutal au milieu des années 2000 du PSICD Togo, programme européen de soutien aux initiatives culturelles décentralisées suite justement aux difficultés à s’entendre sur la liste des équipements culturels de région à mettre en place…Une situation à la limite incompréhensible mais qui hélas a fait perdre des millions à l’Etat. Ce souvenir douloureux ravive la nécessité d’un « rattrapage » : la mise en place de Maisons des Jeunes et de la Culture dans les régions ou les chefs lieux de préfecture.

Avec le développement du numérique et des technologies de l’information et de la communication, des investissements dans ses complexes permettront de fixer les jeunes sur leur territoire en leur offrant des loisirs sains (lecture, musique, arts, cinéma, accès à Internet, formations diverses, espaces de réunions et d’expressions…) et la possibilité de faire éclore leurs talents aux fins d’épanouissement et de développement

Démocratiser l’accès des jeunes à la culture

Aussi, pensons-nous qu’avec le renouveau observé ces derniers mois, l’élan doit se poursuivre et aboutir à doter toutes les régions et les chefs lieux de préfecture d’équipements ou complexes socio-culturels, moyens de démocratiser l’accès à la culture.

La démocratisation d’accès à la culture suppose l’existence effective des lieux pour créer et être en contact avec les œuvres créées,  la promotion de l’information sur les activités : médias, critiques, publications, circulation et diffusion des créations et des créateurs, la formation de la capacité à comprendre la pratique artistique ou culturelle, l’expression des besoins, c’est-à-dire du niveau de la demande : fréquentation, information, diffusion, création, loisirs… Cela ne peut se faire sans la responsabilisation et le rôle moteur des acteurs locaux dans le cadre d’un projet commun appelé projet de territoire.

Si l’on veut un développement endogène, il faut que l’affirmation de l’identité culturelle locale et nationale reprenne l’initiative. En outre, si la culture apporte la conscience de soi et détermine les choix et les actions de l’individu, elle satisfait aussi son aspiration et celle de toute la nation à la dignité. Celle-ci est fondamentale pour tout effort collectif en faveur du développement.

Cyriaque Noussouglo© Togocultures

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