Le percussionniste Sylvester Agbedoglo alias Master Drummer, est devenu un phénomène médiatique sur les chaînes de télé et de radio danoises qui lui consacrent plusieurs passages à l’occasion de la sortie dans les bacs de son second album, «Mépoté», ce durant cette rentrée culturelle. A l’instar du premier opus «Tsadila» (le voyageur), Mépoté est un voyage entre les rythmes afro-beat, afro-funk et des rythmes traditionnels togolais, en l’occurrence l’Akpéssè et l’agbadja, où interviennent les instruments de percussion tel le djembé, le tam-tam et le gong. Cependant, contrairement à Tsadila, album d’ouverture et de métissage, fruit de la mise en communauté de plusieurs instruments africains, occidentaux et asiatiques, «Mépoté», sonne un peu comme un repli sur soi et un retour aux sources africaines, avec des rythmes basés essentiellement sur des instruments africains, notamment le djembé, le balafon, la castagnette et le gong et une petite ouverture sur l’Occident. «Mépoté» veut dire littéralement dans l’Ewé-mina du Sud du Togo «Je me range ou je reviens à moi».
Ce second album est effectivement le plus abouti, les chansons d’accompagnement sont d’un excellent régal. Des morceaux étaient distillés sur les chaînes togolaises depuis avril 2009, lors du passage de l’artiste pendant les festivités marquant le quarante-neuvième anniversaire de l’indépendance du Togo et sa participation à la deuxième édition du festival Patriot’s, un festival consacré aux musiques mettant en valeur les rythmes traditionnels. La démarche des Patriot’s est de mettre en exergue l’originalité artistique pour un renouveau de la musique togolaise à travers l’exploration des champs traditionnels. Vivant au Danemark depuis le milieu des années 1990, Master Drummer est le double récipiendaire de la Danish musics awards en 2006 et 2007 pour son premier album «Tsadila» (le voyageur). Ce qui dénote de la popularité du personnage. C’est qu’en plus de son parcours artistique de musicien percussionniste, Master Drummer a un autre djembé en bandoulière : une école d’initiation à la percussion qui a lui valu la réputation du meilleur pédago sur le plan musical au Danemark.
http://www.youtube.com/watch?v=W0zrv_R3loY
Aujourd’hui, dans le sillage d’une réflexion sur le retour aux sources, l’artiste entreprend de revenir régulièrement dans son pays. Ainsi a-t-il réalisé, pour les 50ans d’indépendance du Togo, un très beau clip tourné sur la terre de ses aïeux et qui est diffusé sur les télévisions africaines. Tourné vers le social, l’artiste a pris en charge avec ses partenaires la réhabilitation de l’école primaire d’Avépozo, son village d’origine.
L’histoire retiendra que cet excellent joueur de djembé était devenu musicien par défi, après avoir reçu une humiliante gifle d’un autre célèbre artiste pionnier de la musique traditionnelle, pour s’être justement installé à la batterie de son groupe qui jouait à l’hôtel Tropicana, dans les années 1980.
Tony Feda © Togocultures