Ap’nondas et Al’nuzan sont convaincus que par le corps et par le texte, il est possible de convaincre les hommes à cultiver la solidarité, l’entraide, l’entente, dans la joie comme dans le malheur. Pour donner l’exemple, ils fédèrent leurs énergies dans le spectacle « Wuyao » (« Nous y allons » en langue akposso, parlée au Sud-Togo)…
Allégorie qui encense les bienfaits d’une vie communautaire fondée sur la fusion d’énergies, de talents,« Wuyao » dure 55 minutes et déroute son auditoire en l’enfermant dans un emballement d’interrogations. « Wuyao » interpelle les civilisations africaine et occidentale sur les dérives qui ghettoïsent la condition humaine dans une existence bâtie sur des regards de faïence. L’universalité de l’existence humaine affligée par le destin transparaît dans « Wuyao » quand sont évoqués « les restaus du cœur ».
Pour contribuer à rompre cette logique, la créativité d’Ap’nondas et d’Al’nuzan fait du slam non plus une succession de mots alignés, claqués mais le creuset d’un mariage entre le français et l’éwé, le texte et le pincement d’une guitare sur des rythmes traditionnels d’Afrique de l’ouest. Une conception d’une vie meilleure, d’un monde radieux qui contamine également l’univers de la danse. Cette approche de la vie se décline ici comme une union insoupçonnable entre un danseur et un slameur.« Wuyao » met aussi à nu la synergie qui naît souvent de deux êtres humains que le destin a rassemblés devant l’infortune.
« On ne peut construire de grandes choses que lorsqu’on commence par le petit geste », démontrent Ap’nondas et Al’nuzan. Une fusion d’énergies, de talents qui ne fait pas disparaître pour autant les tourments de la vie comme par enchantement, car souligne le binôme précité, « tout homme traversera l’enfer avant d’aller au paradis ». Quand les heures sombres de la vie pointent le nez, il faut inter-changer les rôles quand on vit en groupe, caricature en outre « Wuyao » qui donne l’occasion de voir le slameur devenir chanteur et vice versa ; il faut être prêt à porter secours à la vie d’autrui, même quand il faut perdre la sienne. Des scènes du passage de l’Homme sur la Terre exprimées par des pas de danse exaltant les efforts de l’Homme face aux vicissitudes de la vie. Une expression subtile de « l’unité pour avoir un jour l’occasion de dire qu’on vient de loin (…) Les hommes et les femmes s’usent par le fait d’être usés », rappelle « Wuyao ».
Ap’nondas et Al’nuzan ont servi leur croyance en un monde meilleur au public loméen le vendredi 24 février dernier à l’IFT (Institut français du Togo) devant un public comblé.
Edem Gadegbeku©Togocultures