Le jubilé d’argent que fête cette année Laurence Montcho, une des voix d’or de la musique togolaise, montre le parcours inattendu et sans faille de cette fille issue d’un milieu défavorisé, son ascension et son insatiable besoin de reconnaissance. Recueillir ses témoignages, pendant une heure ou deux, c’est aller de découvertes en découvertes, de surprises en surprises.
Elle se laisse quelques fois à des aveux, tout le long de cette plage d’Avépozo où cocotiers, soleil et vent domptent ses cheveux en mèche épaisse et somptueux. Son regard se perd dans le bleu du ciel et l’artiste lève son regard sur nous, et nous révèle son enfance, le malheur qui a complètement changé sa vie du jour au lendemain.
En effet, son sourire virevolte en évoquant son père tué dans un accident de la route alors qu’elle n’avait que neuf ans. S’ensuit alors une vie ballotée entre Akoumapé dans le Vo, Kodjoviakopé à Lomé, le quartier Kpota et Habitat à Aného et une scolarité quelque peu débridée. Son visage s’illumine à l’évocation de ce passé douloureux, elle se perd de nouveau dans le flux et reflux des vagues, le temps de maitriser ses émotions et nous cite l’apôtre Paul « Toutes choses concourent aux biens de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein ». C’est ce qui explique son engagement au profit des enfants en souffrance. En 1989, elle avait remporté le premier prix du Concours national de la chanson organisé par Radio Lomé, avec le titre « Les enfants abandonnés », une émouvante plaidoirie en faveur de l’enfance malheureuse. Elle s’est relevée de ces amères années d’enfance et a construit sa vie autour de sa carrière musicale, de son mari et de leurs deux enfants : Edem, 14 ans et Eyram 12 ans. Laurence Montcho, c’est comme disait Platon : « La puissance du bien réfugiée dans la nature du beau »
Laurence Montcho est une artiste tout court, « pas une star » clame-t-elle. Elle a gardé cette âme d’enfance qui s’émerveille devant la beauté de la nature. Très attachée aux valeurs familiales, elle puise son inspiration dans son environnement et dans la contemplation de son créateur. Son travail donne ainsi âme à un dialogue foisonnant entre la société et ses enfants, les hommes et Dieu, la femme et son émancipation, les Togolais et leur nation comme en témoignent ses six albums, une dizaine de singles et une composition avec Dama Damawuza de l’hymne de la conférence nationale souveraine.
Son humilité exalte la beauté et illustre la simplicité. Elle a une belle voix et est assez rigoureuse dans le travail. Trop parfois, au point de provoquer l’agacement de certains de ses musiciens et choristes. Sa carrière, démarrée avec la sortie de son premier album en 1990, a été fortement handicapée par le choix de bâtir un foyer stable. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle nous confie qu’elle célèbre 25 ans de chansons et non 25 ans de carrière. « J’ai mis plus d’une fois ma carrière entre parenthèse pour m’occuper de mon mari et de mes enfants ». Cette maniaque de propreté et du travail bien fait, trop capricieuse par moments, est une épouse très attentive qui prend soin de ses musiciens et choristes, de son époux et ses enfants.
Laurence Montcho est une militante des droits des enfants et est très engagée dans les droits d’auteurs et droits voisins. Ancien membre du Conseil d’administration du Bureau Togolais des Droits d’auteur, elle est également membre du Syndicat des Artistes et Interprètes et Auteurs Compositeurs du Togo (SARIAC) et membres actives de la cellule féminine de la Centrale Syndicale des Travailleurs du Togo (CSTT).
Elle donne rendez-vous au public le 14 août à 18h au Grand Rex à Lomé et le 21 août à 19h30 au Palais des Congrès de Kara. Agboti Yao Mawuéna, Tonton CC, Adabadji Djoboku et Toto Patrick seront à ses côtés.
Gaëtan Noussouglo