La ratatouille de Woenyo est une danse contemporaine métissée qui sent le soleil et la lumière. Elle a été mijotée pendant deux semaines par le chorégraphe togolais Kikan Ayigah résident en France mais qui revient souvent au sein de sa compagnie pour un travail d’appoint. Au Goethe Institut, les membres de la compagnie de danse contemporaine « Woenyon » n’auront pas chômé. Sous la houlette de leur maître queux « La ratatouille » a été préparée avec soin et servi pendant une heure sur un plateau d’or le jeudi 3 novembre 2011 au public du Goethe Institut. Ce spectacle s’inscrit dans le cadre de la célébration des 50 ans de cet Institut au Togo.
L’Afrique est malade dans plusieurs secteurs ; ce n’est pas « Woenyon » qui est le dernier à l’ignorer. De l’ombre à la lumière, l’Afrique affligée prend sa revanche sur les vicissitudes de la vie. Les « cuisiniers » de la « Ratatouille » ont servi au public du Goethe ce 3 novembre un mets très suggestif. Sur une musique mêlant sonorités mandingue et du terroir togolais, la chorégraphie exécutée en première partie de spectacle a ainsi exalté le dynamisme de l’Afrique face à ses nombreux maux. Neuf danseurs, le buste moulé dans une tenue blanche et un dessous en noir, sous une lumière blafarde, expriment ce désir de voir poindre un horizon plus certain, prometteur. L’optimisme est cependant teinté de doutes et de questionnements. Les danseurs de « Woenyon » à travers diverses danses qui rappellent à des endroits la capoeira (art martial afro-brésilien évoquant l’esclavagisme) prennent position face à l’histoire et à l’actualité africaines.
Le jour nouveau et meilleur de l’Afrique aux yeux de « Woenyon », c’est la photographie offerte sur scène par les 12 danseuses (Africaines et Occidentales) . Elles vantent des instants de joie retrouvée à travers des pas de danse harmonisés, vifs, chaloupés et cadencés. Le tout sous un jeu de lumière plus rayonnant que la prestation des danseurs sous une lumière morne. Cette lecture artistique d’une autre Afrique sera confortée par une fusion des gestes du corps des danseurs et danseuses. Preuve qu’aucune gente n’est ni dépositaire de la joie, ni du malheur sur la Terre. La concorde et l’harmonie qui se dégagent de cet univers uni et radieux est si agréable que sa rupture va susciter mécontentements et grommellements des danseurs et danseuses, blancs comme noirs.
La compréhension l’emportera toutefois, in fine, amenant tous les artistes à donner libre cours à leur maîtrise des pas de danse de leur terroir respectif. Une « Ratatouille » en perspective…
La Compagnie Wenyo se positionne depuis quelques années comme la meilleure compagnie de danse du Togo. Elle sillonne l’Afrique et l’Europe par ses créations et ses spectacles.
Edem Gadegbeku