Ce fut une année terrible pour les hommes de lettres togolais. Deux écrivains (Lawson-Body et Agba) et deux critiques (Gbeto et Laïson) nous ont quitté sur la pointe des pieds. Mais les combats demeurent, et d’autres continuent à les mener, pour le bien de tous les membres de la communauté artistique du Togo. Parmi eux, certains ont marqué le cours de l’année 2015. Parmi eux, il y a ceux qui mériteraient plus de visibilité encore en 2016. Je pense d’abord aux éditeurs, charité bien ordonnée: Graines de pensées, Awoudy et Continents sont les trois à ce jours à « dominer » le marché du livre, à tenter de creuser un sillon professionnel, avec des bonheurs variés. L’édition à compte d’auteur domine trop le paysage du livre, preuve s’il en est que la question de la rentabilité et de l’équilibre des comptes demeure le point d’achoppement pour l’entreprise éditoriale. Aimer un manuscrit et payer un à-valoir à son auteur, vouloir publier un auteur à compte d’éditeur, parce qu’on croit en son talent, il y a loin encore de la coupe aux lèvres! Rêvons, pourtant, que cela adviendra! Tout comme la naissance d’un Grand prix littéraire local pour hâter la reconnaissance publique des nombreux auteurs qui émergent chaque année. Je salue, au passage, également, ceux qui font vivre la scène théâtrale togolaise: Alfa Ramsès, Joël Ajavon, Samuel Wilsi, Rodrigue Norman, Togoata Apedo-Amah, etc, et surtout nos magnifiques comédiennes dont le talent s’internationalise de plus en plus. Cette communauté théâtrale a montré aussi qu’elle était soudée et généreuse, lors des drames qui ont frappé deux de ses membres, Eklu-Natey Ablodevi et Edem Modjro. S’il y a une morale au drame de la maladie et de la souffrance, elle aurait pour nom « statut des artistes ». Question politique, à laquelle nous ne désespérons pas qu’un jour une solution fût trouvée! Grâce à Peter Solo, la musique togolaise a considérablement voyagé en 2015.
Pendant l’année, j’ai eu la fierté d’entendre les succès de son groupe Vaudou Game sur plusieurs radios européennes. Mon autre coup de cœur musical demeure Elom 20ce, j’aime particulièrement le côté underground mais très ouvert sur le monde panafricain des performances de ce rappeur cultivé et raffiné; cela soit dit sans minimiser le cocasse « Mepigan » qui a tant fait rire le public de Lomé, moi y compris: des goûts et des couleurs…
https://www.youtube.com/watch?v=4jdTtU9OO7o
Ce dont les arts plastiques, la photographie auraient besoin en 2016? D’une grande et belle revue qui mette en valeur les concepts et travaux épars. Galerie virtuelle Neo, Le Laboratoire Lomé…, ou encore les divers expos ayant vu le jour grâce au soutien du Fonds d’Aide à la Culture méritent d’être archivés, documentés pour construire les goûts des amateurs du futur. Car un futur il y aura, modernité et évolution des mentalités obligent. Pas seulement à Lomé, pôle hégémonique des arts, mais aussi dans nos régions. Comment former le jeune public à l’amour des arts, de Lomé à Cinkassé? Les paris qui nous attendent en 2016, acteurs et consommateurs des arts au Togo sont là, et nous les connaissons. Féconde année 2016 à ceux qui font avancer la scène culturelle du Togo. Et à ceux qui me font l’honneur de me lire sur mon blog et sur TogoMatin, je vous retrouve en janvier, Inch’Alem!