A cause, en partie, de la désorganisation ambiante qui caractérise le secteur de l’archivage (numérique comme analogique) au Togo, peu de Loméens sont à même de parler des grandes phases des nombreuses mutations qu’a connues leur ville depuis les années 50. Le Goethe Institut de Lomé qui célèbre son demi-siècle d’existence au Togo a décidé de mettre en lumière du 29 septembre au 11 novembre 2011 des transformations historiques que la capitale togolaise a vécues voici plus de cinq décennies. Au moyen d’une exposition.
Depuis le 29 septembre dernier, les résidents de la capitale du Togo comme tout visiteur occasionnel dans cette ville peuvent découvrir au Goethe Institut, à travers une exposition photographique, la configuration de l’urbanisation de Lomé, au début des années 50.
Initiée par l’association « Images et Mémoires, section Togo », cette exposition inédite a pour nom : « Lomé Images des années 50 ». L’idée de l’organisation d’une pareille exposition est née de la commémoration des 50 ans d’indépendance du Togo, soulignent les promoteurs de cette manifestation, qui ajoutent : « Faire connaître l’image ancienne de Lomé aux Loméens, c’est l’idée de base de cette exposition ». « Lomé Images des années 50 » est ainsi une compilation non exhaustive de clichés pris dans les années 50, dans les rues loméennes, précisent les mêmes sources.
Plongée nécessaire et décapante dans Lomé d’antan
L’exposition en cours au Goethe Institut offre une fenêtre historique sur l’exercice d’activités commerciales, administratives et religieuses à Lomé, une décennie avant l’accession du Togo à la souveraineté internationale. On y découvre principalement l’animation quotidienne dans cette cité, du wharf (qui faisait office de port sur la côte maritime du Togo) vers les zones urbaines qui concentraient plus de populations.
Parmi les photographies en blanc-noir exposées au Goethe Institut qui devraient retenir un peu plus l’attention des visiteurs, figureront les immeubles que l’expansion de la ville centenaire a rayés de sa carte. On citera entre autres le « bureau des Douanes » (démoli et remplacé aujourd’hui par l’ « Hôtel Palm Beach »), « Le Cercle (maison commune, lieu de rencontres des cadres loméens de l’époque qui accueille de nos jours le ministère des Sports) ». Ou encore le « Phare (qui éclairait la côte de Lomé et qui trônait dans le jardin de l’actuel Hôtel Ibis, ex Hôtel Le Bénin) ».
Tout connaisseur fin des principaux axes routiers de « Lomé la belle » devrait aussi être interpellé par le matériau original dans lequel une maison atypique avait été érigée dans la célèbre « Rue du commerce » qui existait déjà à l’époque : « la maison du Dr Anthony construite en bois ». Autre institution de grande renommée que la modernisation de Lomé a mangée, c’est « l’Ecole ménagère (actuel local de la « Financial Bank »). Cette identique mutation a gagné « l’Hôtel de Police » (aujourd’hui « Direction de la police »), « l’Avenue de l’Eucalyptus » devenue « Avenue Duisburg », etc.
« Lomé Images des années 50 » a en outre le mérite de révéler aux Loméens qui n’ont pas été contemporains de l’architecture urbaine d’avant indépendance que le « Grand Hôpital général du Togo » qui a cédé la place au « Chu (Centre hospitalier universitaire) de Tokoin » a été érigé sur le site d’un ancien aérodrome dont la naissance a fait apparaître les premiers taxis loméens… Le cours d’Histoire de « Lomé Images des années 50 » apprend aussi au grand public que l’immeuble qui abrite actuellement le Césal (Centre d’éducation spirituelle pour l’apostolat des laïcs) a accueilli le « Petit séminaire Saint Paul Claver » de la capitale togolaise. La « Cathédrale de Lomé » fut le plus bel immeuble de la cité centenaire, une décennie avant l’indépendance du Togo.
« Images et Mémoires» dans ses œuvres
« Lomé Images des années 50 » est la résultante de 18 mois de labeur. Par cette exposition, la section togolaise de l’association « Images et Mémoires» veut également lancer un vibrant appel à tous les Togolais, et tout singulièrement aux dirigeants du Togo, pour œuvrer en faveur de la restauration des bâtiments historiques nationaux ; très précisément ceux de Lomé.
« Images et Mémoires» a pour principale activité la collecte de photographies historiques aux quatre coins de l’Afrique. Aussi bien à travers des dons que des achats.
Edem Gadegbeku©Togocultures