Au Togo, une championne du journalisme culturel s’est éteinte mercredi 23 octobre, à Lomé, à 58 ans. Togolaise de nationalité, Dorothée Broohm est née à Cotonou, en République du Bénin, le 7 février 1966. Puis elle a eu une enfance congolaise, puisqu’elle a grandi à Kinshasa, au Zaïre, actuel République Démocratique du Congo (RDC). Et une adolescence togolaise, suivie d’une jeunesse à la fois congolaise puis togolaise. Dorothée Broohm, une âme à la rencontre des cultures, une vie dédiée à promouvoir les arts et la culture.
Si à l’état civil, elle est Gokalé Broohm, c’est son prénom de baptême Dorothée qui ravit la vedette pendant quasiment toute sa vie sur terre qui arrive à terme, mercredi 23 octobre 2024. Une nouvelle triste et bouleversante pour le monde des médias, des arts et de la culture, au Togo comme ailleurs. « C’était la dame culture du paysage médiatique togolais, depuis si longtemps », déclare Eric Wonanu, artiste plasticien et commissaire d’exposition.
Journaliste au quotidien Togo-Presse à partir de 1992, Dorothée a intégré la rédaction de ce média de l’Etat togolais comme pigiste, puis fonctionnaire, jusqu’à son décès. « Grande perte pour la presse culturelle togolaise ! », commente l’artiste plasticien togolais Emmanuel Sossou à l’annonce du décès de Dorothée Broohm. « Notre maître Paul Ahyi qui l’adorait pour sa simplicité et son professionnalisme, poursuit l’artiste Sossou, nous rappelait toujours de ne pas oublier de l’appeler » pour la visibilité médiatique.
Pendant trois décennies, Dorothée était la « plume vedette » des mardis dans les colonnes de Togo-Presse qui s’effaçait pour que brille les stars. Du moins, pour les assoiffés d’informations artistiques et culturelles qui ouvrent en priorité la page 11 de ce quotidien, mais qui bien souvent parcourent aussi d’autres pages, car elle produisait bien plus d’informations que l’on ne s’y attendrait.
Trente-deux années consacrées aux médias
Et comme par providence, c’est aussi, la même page 11, et au-delà, qui est réservée à ces « papiers culturels » dans Présence Chrétienne, mensuel catholique togolais d’information et de formation relancé en 1994 avec la mention « nouvelle série » (après une phase active de ce média de la Conférence des évêques du Togo de 1960 à 1975). Soit plus de la moitié de sa vie consacrée aux médias.
« Le rire timide qui camoufle une énergie rare, Dorothée Broohm a un amour indescriptible du métier », constate le journaliste Ekoué Satchivi. En effet, les articles de « Dagan » (grande sœur en langue locale ewe) comme l’appellent affectueusement les plus jeunes journalistes, sont innombrables aussi bien dans Togo-Presse que dans Présence Chrétienne, les deux médias qui ont le plus édités ses écrits, que ce soit en matière de culture, de religion que d’autres informations générales. Mais la revue panafricaine Amina Magazine dédiée à la femme et d’autres publications de la famille franciscaine, entre autres, ont aussi longuement bénéficié de la générosité de cette plume surnommée la « gazelle des médias » par ses pairs. Elle a également offert sa voix à Radio Maria Togo, à travers quelques émissions religieuses et sociales.
Entre savoirs et diversités culturelles
La future journaliste togolaise entame ses études à l’Ecole primaire Sainte Monique à Kinshasa (RDC) en 1973, études qu’elle poursuit à l’Ecole primaire catholique Saint Augustin d’Amoutivé à Lomé (1977-1979), au Collège Notre Dame des Apôtres de Lomé (1979-1985), puis au Collège Saint Joseph de Lomé (1985-1990). Après ses études secondaires au Togo, Dorothée retourne dans la « ville de son enfance Kinshasa » pour une formation en journalisme à l’Institut des Sciences et Techniques de l’Information (ISTI, 1990-1991).
L’année suivante, à 26 ans, elle fait ses premiers pas dans la profession qui absorbera toute sa vie. Dorothée Broohm est donc une journaliste dont la vie est sacrifiée avec passion à l’autel de l’art et du vivre-ensemble. En effet, elle sacrifie souvent ses jours de repos hebdomadaires ou annuels, en missions officielles ou non, pour des couvertures médiatiques d’événements artistiques, culturels, religieux et sociaux.
« Son dévouement, sa passion et son professionnalisme ont toujours été une source d’inspiration pour nous », a salué le Goethe Institut de Lomé à l’annonce du décès de Dorothée Broohm, « une journaliste culturelle exceptionnelle qui a couvert les différentes activités du Goethe-Institut Togo depuis de nombreuses années ».
La lecture, son autre passion
Toujours avide de savoir, Dorothée passe un temps considérable à la lecture. Hormis les médias, la lecture est sa grande passion. Et ses notes de lecture sont publiées dans la presse. Titillée par la soif du savoir, et précisément le rêve de poursuivre ses études universitaires, Dorothée s’est inscrite à la Faculté de Droit de l’Université de Lomé où elle prépare et obtient le diplôme de Capacité en Droit (2008-2010). Elle pouvait alors s’aventurer vers des études supérieures en sciences humaines tout en poursuivant ses missions professionnelles dans les médias. Mais, la presse pour laquelle elle est douée et s’est vouée, n’a cessé d’absorber son temps.
Fort heureusement, plusieurs ateliers et séminaires de formation ont d’année en année renforcé ses capacités dans le cadre de son travail notamment à travers la participation au Programme des Visiteurs Internationaux aux Etats Unis d’Amérique sur « l’Education des jeunes au leadership », à l’atelier sur « le journalisme culturel critique et ses différentes formes » (Allemagne, 2013), à l’atelier de formation à la critique cinématographique organisé par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC) à Ouagadougou, Burkina Faso, lors du FESPACO 2013, au Symposium « Investir dans la culture au sein de l’UEMOA » à Ouagadougou au Burkina Faso (décembre 2013), aux 37e et 44e Assises de la Presse Francophone à Lomé sur le thème « Pluralisme et déontologie : liberté et responsabilité des journalistes » (2005) et sur « La place des femmes dans les médias francophones » (2015), etc.
Si les médias et la lecture sont ses loisirs favoris, participer aux expositions d’œuvres d’arts plastiques, aux spectacles artistiques, pratiquer la danse classique, ou encore vivre et pratiquer sa foi chrétienne catholique, sont autant d’ingrédients qui donnent goût à sa vie.
Dorothée Broohm, franciscaine
Membre de la famille religieuse franciscaine, Dorothée Broohm est membre de l’Ordre Franciscain Séculier (OFS, Togo), sous le pieux statut de célibat. Fidèle catholique et membre active de l’OFS, elle est enfin nommée récemment membre de l’équipe de formation de cette famille franciscaine. Elle avait longtemps refusé les responsabilités qu’on voulait lui confier des associations, de peur de ne pouvoir les assumer pleinement, tant elle se sacrifiait aux exigences professionnelles. Mais l’OFS et bien d’autres associations ont bénéficié d’une grande visibilité médiatique grâce à ses services. La « championne des médias » appartient aussi à la grande famille des journalistes catholiques du continent à travers l’Union Catholique Africaine de la Presse (UCAP) dont la branche togolaise est l’UCAP-Togo.
Artistes et promoteurs culturels, confrères et consœurs journalistes, amis et parentes, reconnaissent ses qualités professionnelles, humaines et spirituelles. « Nous venons de perdre une âme généreuse, une sage, une conseillère », regrette Christian Barrigah, chargé de programme et des médias sociaux à Radio Maria Togo et vice-président de l’UCAP-Togo. Pour le président de l’UCAP Burkina, Alexandre le Grand Rouamba, « sa modestie, sa générosité, son amour pour la paix et la concorde, son attachement à Dieu ont été remarqués et salués à chacune de nos rencontres sous-régionales ».
« Laborieuse et passionnée, Dorothée marquait de son empreinte chaque mot dégoulinant de sa plume », note le journaliste et critique de cinéma camerounais Martial Ebenezer Nguea qui ajoute : « pleine de vie et de respect, elle avait le cœur à l’amour de Dieu et du prochain ».
« J’essaie de témoigner de ma vie chrétienne dans mon travail, dans mes relations avec mes collègues, à travers l’écoute et le partage de mes expériences professionnelles et spirituelles », confiait Dorothée Broohm à La Croix Africa, en 2018.
Sa couverture du spectacle Isis-Antigone ou la tragédie des corps dispersés a permis à l’écrivain de Kossi Efoui de conclure : « Sur la balance d’Osiris, que son cœur soit trouvé aussi léger qu’une plume d’autruche, signe de rectitude. Amen »
Charles Ayetan
Une réponse
BEL HOMMAGE CHER CHARLES AYETAN.
J’AI REÇU TON INFORMATION, QUI M’A CONDUIT À TON TEXTE HOMMAGE.
EN TANT QU’ARTISTE, ET S’AGISSANT D’UN HOMMAGE À NOTRE CHÈRE DOROTHÉE BROOM, JE DONNE DE BON CŒUR TOUTE AUTORISATION, ET JE ME SENS HONORÉ QUE, TU AMPLIFIES MON HOMMAGE À DOROTHÉE, PAR SES PORTIONS DANS TON HOMMAGES À DOROTHÉE BROOM, JOURNALISTE CULTUREL.
PRIS AU DÉPOURVU PAR LA TRISTE NOUVELLE, SUR LA PAGE DU COLLÈGUE ARTISTE PLASTICIEN ÉRIC WONANU,SUR MÉTA, JE NE POUVAIS QUE LAISSER PARLER MON CŒUR MEURTRI. J’AI BIEN CONNU DOROTHÉE BROOM DEPUIS LES ANNÉES 1994, QUAND NOUS AVONS ÉTÉ SOLLICITÉ PAR MONSEIGNEUR DOVI N’DANU POUR DES RÉUNIONS AUTOUR DES MÉDIAS CATHOLIQUES ( »PRÉSENCE CHRÉTIENNE » DONT J’AI CRÉÉ LE NOUVEAU LOGO ET PROPOSÉ L’ENTÊTE DE LA PREMIÈRE PAGE, RENAISSAIT; ET »RADIO MARIA » POUR LAQUELLE J’IMAGINAIS UNE PAGE POÉSIE JEUNESSE ACCOMPAGNÉE À LA GUITARE ACOUSTIQUE, AFIN D’ÉTOFFER LA GRILLE DES ÉMISSIONS… DEVAIT NAÎTRE. ) J’AI DÛ ABANDONNER L’ÉQUIPE FORMÉ PAR Mgr DOVI N. POUR ÉVITER CERTAINES PRESSIONS, ET ME RECADRER SUR MON ART PLASTIQUE.
NOUS FORMIONS UNE BONNE ÉQUIPE AUTOUR DE Mgr DOVI N. , DONT MON AMI ET REGRETTÉ COLLÈGUE CLAUDE SYDOL ET MOI ÉTIONS DES ENSEIGNANTS.
APRÈS, J’AI EU BESOINS DES COMPÉTENCES DE DOROTHÉE BROOM, QUE NOUS INVITIONS AVEC DOROTHÉE TABIOU ET K. AGBÉMADON DE LA TV , POUR LES ACTIVITÉS DE »ASTÀP » ( ASSOCIATION TOGOLAISE DES ARTISTES PLASTICIENS ) CRÉÉE PAR NOTRE MAÎTRE PAUL AHYI. AVEC LE TEMPS, DOROTHÉE BROOM ÉTAIT DEVENUE INCONTOURNABLE, ET BIEN APRÈS NOTRE MAÎTRE.
JE N’AI PAS PENSÉ DEVOIR ARRÊTER NOTRE COLLABORATION AUSSI BRUTALEMENT.
CECI DIT, TON ARTICLE EST TRÈS DOCUMENTÉ ET TRÈS PROFESSIONNEL.
À TRAVERS TON ÉCRIT, JE VOIS EN DOROTHÉE, MAINTENANT MIEUX CONNUE, UNE JEUNE SŒUR, QUI A CONNU UN PARCOURS CROISÉ AVEC MOI. JE COMPARE TES INFOS SUR LA VIE DE BROOM DOROTHÉE SUR MON PARCOURS ET JE CONSTATE .
— NÉ À LOMÉ DANS LES ANNÉES 50, J’AI FAIT UNE PARTIE DE LA MATERNELLE ET UNE PARTIE DU PRIMAIRE À SAINT AUGUSTIN D’AMOUTIÉVÉ. FIN 1963, JE SUIS PARTI CONTINUER AU BÉNIN.
— EN 1966 DOROTHÉE NAISSAIS À COTONOU. LA MÊME ANNÉE, J’ÉTAIS À NATITINGOU AU NORD OÙ JE PREPARAIS MON ENTRÉE EN 6ème. E N 1967 J’ÉTAIS ADMIS AU LYCÉE BÉHANZIN DE PORTO-NOVO.
— EN 1977, JE FAISAIS MES DÉBUTS DANS L’ENSEIGNEMENT CHEZ TADJIN ( COLLÈGE POLYTECHNIQUE BRUCE ). EN LA MÊME ANNÉE DOROTHÉE ÉTAIT VENU CONTINUER SON PRIMAIRE À L’ÉCOLE SAINT AUGUSTIN D’AMOUTIÉVÉ. LÀ OÙ J’AI COMMENCÉ.
— EN 1978 J’AI CONTINUÉ L’ENSEIGNANT AU COLLÈGE Mgr CESSOU ( ARCHIDIOCÈSE DE LOMÉ). DÉSORMAIS ENSEIGNANT CATHOLIQUE, JE N’AVAIS JAMAIS RENCONTRÉ DOROTHÉE, SAUF DANS UNE SALLE D’EXAMEN SANS Y PRÊTER ATTENTION, JUSQU’EN 1994 OÙ LE DESTIN NOUS RÉUNIS AUTOUR DE Mgr DOVI N ‘DANU.
CE QUI M’A MARQUÉ DANS LE PERSONNAGE À PART SON HUMILITÉ ET SON PROFESSIONALISME , C’EST SON SOURIRE PERMANENT QUI N’ÉTAIT JAMAIS FORCÉ ET, SON REFUS RÉCIDIVÉ SANS CESSE DE SE LAISSER PHOTOGRAPHIER. ( TOUJOURS EN SOURIRE ).
HOMMAGES ÉTERNELS À CETTE ÂME TOUJOURS BIENVEILLANTE, DOROTHÉE BROOM.
ET MERCI À TOI CHARLES AYETAN, POUR CETTE BELLE ENTREPRISE JOURNALISTIQUE.