Claudio Kunakey, ces ordures si chères

Claudio Kunakey
Claudio Kunakey

Sur sa petite moto de marque Yamaha appelée communément Mate, Claude Komla Kounakey trimballe ses matériaux de travail : guidons et chaînes de vélo, des bouts de carcasses de voitures … Ou dès fois s’il est trop chargé, ses trouvailles sont transportées par des taxis de Lomé. On pourra se demander ce qui pousse ce longiline de 44 ans à transporter ces déchets durs qu’on trouve partout à Lomé et dont personne ne s’occupe. L’art! Pour lui, ces déchets sont des diamants. Et il a raison, ils lui permettent de vivre, d’exposer partout au Togo, de gagner en 2007, le Prix de l’indépendance.
Des chaînes de vélo ont permis de « transformer » ce cher Togo enchaîné par la haine et la discorde, le combat politique qui ne finit pas, les cris et les passions des uns et des autres qui n’encouragent pas la construction d’un pays en chute libre depuis 1993. Comme un Sassou Koudou, artiste togolais de la chanson, qui demande aux Togolais de se pardonner, aux bourreaux de demander pardon aux peuples et aux activistes de tous bords de mettre leur énergie à la reconstruction, Claudio Komla Kunakey fait sortir deux silhouettes à l’extérieur de ce Togo qui se donnent la main. Le Togo est si exsangue que pour y rester, il faut faire l’effort de se re-coller, de se re-modeler pour voir la vie autrement, pour faire avancer les choses. Les Togolais ne sont-ils pas comme ces personnages de La Récupération de Kossi Efoui condamnés à vivre au dépotoir? Transformer le dépotoir en or est la seule voie qui permet à l’artiste d’ouvrir la voie à l’imagination féconde, à la liberté, à l’épanouissement, bref de vivre

L’ atelier de Kounakey situé derrière le Collège Protestant à quelques mètres de la frontière de Togo-Ghana, est un véritable caverne d’Ali Baba. On y trouve des objets de récupération qui sont devenus des chefs d’oeuvre artistique.

A part ces rastamen aux cheveux en chaînes … on y trouve des tableaux de bas-relief en mastik qui parlent de la beauté. (voir photos de quelques oeuvres) Claudio Komla Kunakey a affûté ses premières armes, pendant cinq ans, dans un atelier de ferraillage à Lomé. Des stages d’arts plastiques chez Chico Ghartey.

Il a été surtout influencé par Sokey Edorh, Camille Azankpo et le doyen Paul Ahyi. Il a d’ailleurs adopté le fameux Zota de Paul Ahyi « Le Zota qui vient de ‘Zo’ le feu et de ‘Ta’ dessiner, signifie dessiner avec le feu. Cette technique diffère cependant de la pyrogravure car le dessin se fait au chalumeau (ou à la lampe à souder), révelant ainsi les veines du bois. Le dessin formé par les veines du bois devient alors une source d’inspiration pour l’artiste. L’œuvre est rehaussée par des couleurs à base de cire qui sous l’effet de la chaleur fondent et imprègnent le bois. ».

Il y a une dimension humaine indéniable à cet artiste assembleur et peintre aux techniques variées qui donne une dimension inexplorée à l’Homme, à ses déchets et à sa beauté. Au-delà de l’assemblage, de la technique de Zota, Claudio Kounakey peint aussi. Ces tableaux sont une grande conviction pour un changement politique réel sur la Terre de nos aïeux où il a fait sien « Togolais viens, batissons la cité » son credo. Un artiste à découvrir à tout prix.

article et reportage Gaëtan Noussouglo©Togoclture


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