Avec Noël, les chrétiens et les laïcs célèbrent la naissance de l’enfant Jésus « conventionnés » comme la fête des enfants. En occident, elle est la fête familiale par excellence où la marchandisation et le matériel ont tout supplanté depuis les années 60. Au Togo et dans la plupart des familles pauvres en Afrique subsaharienne, Noël est le premier pas vers la liberté, l’indépendance.
A l’approche de cette fête, les enfants des « pauvres » entre 5 et 14 ans sont très heureux. Ils attendent les résultats du premier trimestre et la fin de l’école pour aller à la « chasse » au bois, aux cordes, aux feuilles de palmiers et des cocotiers pour construire la cabane ou les chambres de leur rêve. Une équipe de trois à cinq personnes se forme. Les enfants deviennent à la fois architectes et grand bâtisseurs. En deux – trois jours, la cabane se dresse sur la rue ou dans la maison des parents et gardée comme une forteresse. Il est formellement interdit aux parents ainsi qu’aux camarades de quartier d’y pénétrer.
L’enfant est enfin heureux d’avoir sa ou ses chambres à lui, tout seul. Il peut jubiler, inviter des amis à manger du riz ou du foufou, plats préparés par les parents au Togo pour l’occasion. La plupart des adultes l’assimilent à la crèche. Que Nenni pour l’enfant, le père de l’homme ! Cette cabane symbolise une certaine indépendance vis-à-vis des parents et de la famille car dans les familles pauvres, les enfants couchent dans la chambre des parents ou alors, ils sont installés à plusieurs au salon sur des lits ou des nattes de fortune.
A Noël, le délire de la liberté s’accapare de l’enfant, il fait un pas vers son autonomie. Il se détache de la tutelle des parents pour se mettre à l’aise tout comme Jésus Christ à 12 ans. Il croque un fragment de liberté à pleines dents, invite des amis à se retrouver dans cette cabane pour chanter, danser et partager leurs plats préférés. Il esquisse un pas aussi vers l’invention : il fabrique son « pétard » avec des rayons de vélo, de moto, du clou, du caoutchouc et des allumettes. Il répare un poste radio. En guise de cadeau, les parents n’ont plus qu’à faire coudre ou acheter les habits de la fête et l’enfant surfe sur le bonheur ! Pas de sapins ! C’est trop occidental. Les arbres ne « meurent » pas sous les tropiques. Dans cette cabane, certains ont connu leurs premières amours.
Alors, au beau milieu de cet ouvrage, îlot improvisé de joie, Togocultures et son équipe souhaitent une année de liberté et d’indépendance à tous ses lecteurs. Les cadeaux ne sont rien par rapport à la soif d’être soi-même, de ne dépendre presque de personne mais de constituer un réseau solide dans lequel les artistes et les peuples se retrouveront pour mieux penser la société de demain.
Bonne et heureuse année 2011 à toutes ses lectrices, à tous nos lecteurs et à tous ses partenaires.
L’équipe © Togocultures