Marcel Djondo, comédien-conteur et responsable artistique de certains projets de la Compagnie Gakokoé dont la Fête Mondiale du Conte basée à Montbéliard en France se rend à Lomé pour animer du 15 au 19 novembre au Goethe Institut de Lomé un stage de formation sur le collectage et projets mémoriels à l’intention des artistes togolais. La participation se fait sur sélection.
Qui est Marcel Kodjovi Djondo
Comédien, conteur, metteur en scène et formateur , Marcel Djondo est aujourd’hui le responsable artistique de certains projets de la compagnie Gakokoé avec laquelle il a ouvert un grand chantier depuis l’année 2002 : comment raconter notre vie aujourd’hui? Dans ce chantier, Mohamed Guellati, un ami de longue date, le met en scène en 2004 dans Les contes africains d’aujourd’hui qui fût apprécié au Festival Off d’Avignon en 2005. En 2006, le spectacle de la Cie Gakokoé Contes de vies ordinaires est consacré Lauréat du Grand Prix de l’Initiative Sociale et Culturelle aux BIS à Nantes. Depuis 2007, avec son équipe, il organise chaque année dans la région Bourgogne Franche-Comté, La Fête Mondiale du Conte , un grand rendez-vous des amateurs d’histoires et de dépaysement. Avec la compagnie Gakokoé, il s’investit et investit dans un travail de fond avec les habitants des quartiers difficiles du Pays de Montbéliard. Les projets mémoriels se suivent et tissent indéniablement un lien social entre les différentes couches de la population. Les derniers spectacles Contes de vies ordinaires et Les contes africains d’aujourd’hui ont été écrits à partir d’un collectage de paroles auprès des habitants.En 2001, avec l’aide de la ville de Montbéliard, se crée le théâtre de l’Accent, une salle de spectacle en plein cœur de la ville. La Compagnie Gakokoé a aujourd’hui 19 ans. Elle lui a permis de tisser une collaboration étroite avec les différents partenaires culturels de la région ainsi que la population locale.
Parallèlement à la compagnie Gakokoé, Marcel Djondo travaille avec de grands créateurs de contes urbains tels que L’Illustre Famille Burattini, le Théâtre de l’Unité et il y a quelques années, avec feu Michel Crespin. Fortement inspiré par le Théâtre de l’Unité, il cultive un contact franc et intimiste avec le public, d’où des spectacles créés dans des appartements, des caves ou autres lieux incongrus.
Raisons d’un tel projet pour les artistes togolais
Aujourd’hui, l’Afrique a plus que besoin de nouveaux genres. Pendant plus d’un demi-siècle, le théâtre vindicatif, proféré, révolutionnaire et parfois trop en force a trouvé sa justification dans l’histoire ancienne et récente du continent (esclavage, colonisation). Dans les années 90, une nouvelle génération d’auteurs faisant sienne les aspirations du peuple a vu le jour pour dénoncer l’iniquité, l’arbitraire et la gabégie.
A l’heure actuelle, la donne socio-politico-économique a évolué. D’où la recherche de nouvelles sources d’inspiration et l’importance de la prise en compte des habitants dans le processus créatif. L’objectif est donc de former les jeunes artistes au collectage en vue du développement de projets de création mémoriels participatifs prenant en compte les habitants.
Le stage de formation : collectage et projets mémoriels
« Dans la création artistique, dans la plupart des cas, on part d’un texte d’auteur, d’une improvisation, d’une création collective. Ce faisant on devient interprète (avec toute la subjectivité inhérente à la création artistique) de la pensée d’un auteur ou d’un groupe d’individus.
Le collectage de mémoires ou parcourt de vie en vue d’une création artistique est un outil adéquat pour l’implication de la population dans le processus de création artistique. C’est une première session de formation des artistes Togolais à l’utilisation de cet outil. Cette formation se déroulera en 3 étapes:
- Cette première étape devra donner aux stagiaires les repères et connaissances théoriques devant leur permettre de saisir l’importance et la justesse du collectage et des projets mémoriels. A quelles règles et imposés obéit-il? Quels sont les aspects juridiques à connaitre avant de s’engager dans une telle entreprise? Comment déterminer le groupe-cible? Comment élaborer la problématique centrale du collectage? Comment élaborer sa grille de questions, quels sont les outils d’enregistrement nécessaires, quels traitements appliqués aux données recueillies? Comment déterminer la forme de valorisation de ces parcours de vie (création artistique), comment impliquer les habitants dans cette création et quels sont les outils d’évaluation à mettre en place…
- La deuxième étape sera une étape de terrain au cours de de laquelle chaque stagiaire après avoir défini un projet ira à la rencontre des habitants pour un collectage.
- La dernière étape concernera le traitement du matériau recueilli et la détermination de la forme artistique à donner à la création avec le souci d’y d’intégrer les habitants.
Une petite présentation au public de chaque projet (tenants et aboutissants) avec lecture de quelques extraits est envisageable en fin de session ».
Les résultats attendus et la suite réservée à ce travail mémoriel
A terme, on assistera à un foisonnement de projets mémoriels faisant des artistes partie intégrante de la population car étant au centre même de leurs préoccupations. Cette démarche devra aussi participer à donner un vrai sentiment d’appartenance à un territoire bien défini. Car la conjugaison de divers mémoires individuelles donne naissance à une mémoire collective. Ce stage-amorce peut être aussi un levier pour une réelle implication des institutions publiques dans le fait artistique car qui dit territoire dit action publique.
ce stage de formation est organisé en partenariat avec le Goethe Institut de Lomé
Gaëtan Noussouglo