Tenue du 14 au 16 mars 2023 à Niamey dans la capitale nigérienne sur le thème : « Enjeux et nouveaux défis de la mise en œuvre de la convention de l’UNESCO sur la diversité des expressions culturelles en Afrique », la 5è Rencontre des coalitions africaines pour la diversité culturelle s’est achevée sur une note générale de satisfaction.
Des experts et délégués de 12 pays, à savoir Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Gabon, Ghana, Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo se réunis pendant trois jours, du 14 au 16 mars 2023 à Niamey au Niger pour examiner la question de la culture équitable, des politiques culturelles, l’état de mise en œuvre de la convention de 2005 de l’UNESCO et faire le bilan des actions des coalitions africaines pour la diversité culturelle et de la société civile culturelle dans cette mise en œuvre.
Il faut reconnaître que nous assistons dans les pays africains à des difficultés certaines dans la mise en œuvre des politiques culturelles en faveur de la diversité des expressions culturelles. En outre, la pandémie à COVID-19 a eu un impact dramatique sur les artistes et l’ensemble de la chaîne de valeur culturelle, exacerbant les inégalités nord-sud et rendant urgentes des mesures à prendre en faveur de la culture équitable.
En effet, la crise multidimensionnelle (sanitaire, sociale, sécuritaire et identitaire) à laquelle est confronté le continent africain ébranle les politiques publiques de protection et de promotion des diversités linguistiques et culturelles déjà fragilisées par le modèle socioéconomique et politique qui les sous-tend. Il faut ajouter à cela, le manque d’équité d’accès à la culture pour les pays du Sud.
A ce propos, la Commission allemande pour l’UNESCO a commandité à la Professeure Véronique Guèvremont, une étude intitulée : « La culture équitable, une clé pour le développement durable ». Selon cette étude, les artistes et les travailleurs culturels du monde entier sont confrontés à des inégalités structurelles majeures. Les artistes du Sud en particulier, n’ont souvent pas accès aux marchés internationaux, souffrent de pratiques de travail précaires, ne peuvent pas vivre de leur travail et sont moins visibles sur le marché mondial de l’art et de la culture. Les chiffres sont éloquents : 79% des résidences d’artistes internationales sont basées en Europe et en Amérique du Nord ; 95% des pays développés dominent toujours le commerce des biens et services culturels qui représentent 95 % du total des exportations.
C’est pour toutes ces raisons que les coalitions africaines pour la diversité culturelle regroupées dans la fédération internationale des coalitions pour la diversité culturelle (FICDC) ont jugé nécessaire de concentrer leur réflexion sur les « enjeux et nouveaux défis de la mise en œuvre de la convention de l’UNESCO sur la diversité des expressions culturelles en Afrique. »
La rencontre a été officiellement ouverte à la salle de conférence du CELHTO-UA par le ministre nigérien de la culture, du tourisme et de l’artisanat, Monsieur Mohamed HAMID. Celui-ci s’est félicité de l’organisation d’une telle rencontre car, pour lui, la convention de 2005 consacre la culture comme le socle véritable du développement et du rayonnement international des Etats. Ceux-ci dans leurs actions intègre selon lui la participation de la société civile culturelle, la problématique de l’équité genre et le numérique.
Avant le ministre, Messieurs Mahamadou ADAMOU, président de la coalition nigérienne pour la diversité culturelle, Kodjo Cyriaque NOUSSOUGLO, président des coalitions africaines et vice-président de la fédération internationale des coalitions pour la diversité culturelle tout comme Komi N’Kégbé Fôga Yves TUBLU, coordonnateur du Centre d’études linguistiques et historiques par tradition orale, institution (CELHTO-UA) et Chef de mission de l’Union africaine au Niger ont souligné l’urgence des actions à mener en faveur de la diversité des expressions culturelles.
Trois jours durant, les experts et participants ont débattu des questions inscrites dans l’agenda de la rencontre : le rôle de la société civile et des États dans la mise en œuvre de la convention de 2005, la rédaction et soumission régulières des Rapports Périodiques Quadriennaux, les actions de partenariats, la mise en œuvre de la convention de 2005 et la coopération culturelle en temps de crise et perspectives, la culture équitable et le renforcement de la coopération culturelle internationale ; les créations numériques, la diffusion, la circulation des œuvres et la mobilité des artistes ; la découvrabilité des contenus culturels en ligne ; les politiques publiques de soutien à la culture de l’OIF, du CERAV, de l’UA, de l’UNESCO, de l’UEMOA et de la CEDEAO.
Dans toute la mesure où selon l’UNESCO la crise culturelle multiforme que nous vivons nous permet de « repenser notre rapport au monde », de telles rencontres sont nécessaires pour penser les actions et mettre en place les mécanismes durables en faveur du financement et de l’accompagnement du secteur culturel en Afrique.
Togocultures, le 16 mars 2023