Les pleurs s’égrènent comme un florilège de chapelets dans les yeux du nouveau-né. Un abîme sans fond fond sur un peuple révolté, en détresse qui semble résigné.
Le temps d’un battement de paupières naît la dictature hideuse. Elle fauche et hache. Sape et happe. Déconstruit et détruit. Inonde d’hectolitres de sang les routes. Les êtres-choses sont dépotoirs dans la jouissance fétide des faux humains félins crétins.
Les rangers des corps habillés s’abattent sur les têtes. Cassent ces noix de coco comme des bocaux, ces couilles ouilles douilles de douleurs inutiles. Le sang sort de l’invisible, inonde la terre, les eaux. Des cris s’élèvent vers les cieux silencieux.
Des urnes urinoirs volatiles parfois sous l’aisselle s’observent à chaque érection. Un vieillard révolutionnaire esseulé gigote dans l’indifférence des couilles dépendues. Silence des bras branlants.
Je fête les mots dans un concert d’oiseaux, le rythme monotone et glaçant des coassements et des croassements, du rugissement de félins malins qui vident l’énergie du peuple.
Mots humanicides. Chants infanticides. Je contemple la beauté du pays et m’écroule sous des années galères qui célèbrent avec colère une indépendan-triste.
60 ans déjà. Bonne fête !
Gaëtan NOUSSOUGLO
Crédit photo: G. Noussouglo. La photo a été prise lors du spectacle One coup for Kaiser d’Alfa Ramsès. La carte du Togo remplaçant la cravate du comédien a été montée par nos soins.