Après Flamboyance, les locaux de l’Ambassade du Togo à Paris, sous la houlette de SEM.Calixte B. Madjoulba, abritent du mardi 16 janvier au 30 mars 2018 la seconde exposition Art’borescence avec les tableaux de deux artistes togolais Adzafo Dziar, Jennifer Apaloo-Kingslove et d’un artiste invité Alexis Geordy Zodidat. « L’Ambassade essaie d’apporter sa modeste contribution à la valorisation des œuvres de nos créateurs, en réunissant à chaque occasion des artistes d’horizons divers » selon les termes de M. Calixte B. Madjoulba.
Le principe de l’exposition à l’Ambassade du Togo à Paris est simple. 22 tableaux de deux artistes togolais et d’un artiste invité sont exposés pendant trois mois. L’artiste invité a le droit d’exposer deux tableaux. Deux tableaux sont offerts à chaque exposition à l’Etat togolais pour servir de fonds à l’alimentation d’un musée au Togo. L’Ambassade commet l’initiateur du projet et le désigne comme commissaire de l’exposition.
A en croire le premier secrétaire de l’Ambassade, Palawia Monson « cette exposition rassemble la diversité. On est différents mais unis à des idées et le fait d’accueillir deux artistes Togolais et un artiste invité français d’origine martiniquaise nous montre que nous sommes tous les mêmes »
Si la première exposition, Flamboyance, parle de la souveraineté de l’art, la seconde Art’ borescence met l’accent sur la particularité qui sert de toile de fond au socle humain. Cette 2e exposition répond à la théorie des graphes en mathématiques. Plusieurs branches se retrouvent à ce sommet particulier qui renvoie à la même racine dont tout le monde est issu. Cette structure algorithmique d’un arbre, selon le commissaire de l’exposition, l’artiste plasticien Yao Metsoko, a donné naissance au jeu de mot Art’borescence. A travers l’art, on met toutes les individualités en accord avec le beau, l’esthétique. « Nous avons les mêmes racines humaines. Les particularités, les individualités participent à l’Unité. Les connexions et les interconnexions sont les ferments de la vie et de la beauté. ». Chaque artiste dans cette exposition puise les ressources de son univers pour agir sur le monde.
Sur les murs de l’Ambassade, des tableaux vous baladent dans des scènes de la vie quotidienne en Afrique : des femmes reviennent au crépuscule du marigot avec des jarres en équilibre sur la tête. Ou des scènes surréalistes « L’espoir » représentant un grand masque, un escalier montant ou descendant qui structure le tableau en obliquité comme l’échelle de Jacob arpentant le ciel. De part et d’autre du masque divin, des scènes de pêche, des jeux d’enfants, des escaliers ou des échelles qui permettent aux personnes qui se noient d’avoir un espoir en la vie. Une sorte de possibilité de se hisser vers le haut. Là encore, dans « La marche des âmes » : est-ce une allégorie par rapport aux marches difficiles du peuple togolais, des peuples africains ou des migrants ? Dans cet univers vertigineux des gouffres peuvent facilement gober les peuples.
Si Adzafo Dziar, le plasticien originaire de Kpalimé, questionne la société et essaie d’apporter la solution par sa vision, l’artiste franco-togolaise Jennifer Apaloo-Kingslove se réapproprie ses origines africaines et tend à se libérer de certains carcans de la vie par sa recherche artistique. Sur la plupart de ses tableaux, des hommes flottent dans l’espace tout de blanc habillé comme des prêtres, ce qui traduit une volonté de s’arracher des pesanteurs, des forces d’inertie. Une réelle envie de transcendance, une ligne de forces qui coupe et structure nos vies.Geordy Zodidat Alexis, l’artiste guadeloupéen invité qui revendique tout haut son africanité, expose deux tableaux qui traduisent les mystères de la vie.
Lancées depuis le 12 octobre 2017 les « rencontres artistiques à l’Ambassade sont consacrés à la célébration de l’art, cette chose culturelle qui nous fait rêver et qui adoucit notre quotidien harassant. » se réjouit M. Batossie.
Y aller Ambassade du Togo à Paris: Exposition: Art’borescene du 16 janvier au 30 mars 8, Rue Alfred Roll 75017 Paris
Gaëtan Noussouglo © Togocultures