Faire changer le regard de l’occident sur l’Afrique passe par la diffusion et la valorisation des cultures et arts africains, tel est l’objection que s’est fixée l’association « Le Reg’Art » basée à La Ferté-Bernard dans la Sarthe en France. Créée en mars 2010, Le Reg’Art anime des ateliers théâtre, percussions, contes et théâtre dans les établissements scolaires de la Sarthe. Pour ce mois de septembre, il saisit au bond la foire sarthoise de la Ferté-Bernard pour investir scène et stands pour une démonstration de danses, percussions et marionnettes.
Ce samedi 5 septembre au milieu des voitures, tracteurs, vaches, produits artisanaux exposés et de près de 200 stands de commerçants, comices agricoles et artisans sarthois, on est surpris d’entendre des chansons minas, une des langues véhiculaires du Togo, qui ont nourri notre enfance : « Tchitchavi maple tapioca na wo ». Ces chansons qui font danser, de façon frénétique des marionnettes dégingandées, dépassaient le cadre de la foire et se répandaient dans les rues alentour. Au milieu des stands, le doyen Grégoire Vissého faisait corps avec ses marionnettes. Juste derrière lui, des percussionnistes togolais et ivoiriens, des danseurs ivoiriens et français et Ata Ahanbada surplombait le public ébahi et les stands par son échasse. Ces artistes étaient en déambulation au milieu du public, des voitures et autres vaches.
Selon Jean-Carles Grelier, le maire de La Ferté-Bernard que Togocultures a rencontré près de la scène érigée pour l’occasion à côté de la Salle Athéna, « les 3 jours de La ferté –Ferté constituent une véritable vitrine économique de la Ville. Cette foire-exposition se déroule au début du mois de septembre de chaque année. Elle est également signe de rentrée pour les services municipaux et les associations. » Les parents saisissent cette opportunité pour inscrire leurs élèves aux différentes activités culturelles et sportives pour l’année scolaire qui débute.
Plusieurs activités sont programmées ce jour, une déambulation d’un groupe musical de La Ferté-Bernard. Sur la scène, la plage de 11h à 13h30 et de 15h30 à 17h30 est réservée à l’association Reg’Art présidée par le Togolais Aféri Kwaovi Johnson. Edem Oklouvi, fondateur de l’association et actuel responsable des activités culturelles de l’association a saisi cette opportunité pour lancer une sorte de festival dénommée Zangbéto. En attraction cette année, il a invité des conteurs, danseurs, percussionnistes et échassiers béninois, ivoiriens, togolais et Français. Ainsi se sont succédé sur la scène de 11h à 13h30, sur la grande scène le marionnettiste togolais Grégoire Visseho accompagné par le percussionniste et conteur Jacques Adedze du Togo, la danseuse ivoirienne Estelle Kevy Kouamey et ses élèves françaises.
Le soleil était de plomb ce matin quand Grégoire Visseho a investi la scène, le public s’est déplacé pour voir danser les marionnettes conçues avec des calebasses, fils et pagnes africains. Ce sont des danses et chants du Togo, agbadja, akpêssê et bobo qui accompagnaient chaque sortie des marionnettistes. Des danses exquises et fines sous les ovations du public, le marionnettiste se fond dans sa marionnette à fil sous le regard amusé du public sarthois. La danse du couple, du marionnettiste et la marionnette à taille humaine a conquis le public. Le maire de la commune s’est déplacé accompagné d’une élue pour suivre de près les spectacles. La danse ivoirienne au son des djembés a exécuté avec maestria par Estelle Kevy Kouamey et ses élèves qui se sont déplacés du Mans situé à 40 mn de La Ferté. A midi, malheureusement, en absence de public, Togolais Ata Ahanbada a enfilé ses échasses aux couleurs du Togo et accompagné par percussionnistes, marionnettiste et danseuses pour une déambulation qui va durer une heure.
Dans l’après-midi, les percussionnistes et marionnettiste ont continué la déambulation sous les ovations du public. Certains en demandaient pour leur stand ou leur bar. Elisabeth ne peut s’empêcher de crier « ça donne de l’ambiance et fait chaud au cœur ». Martial nous confie : « Cette ambiance fait vivre la foire et en plus ça donne du baume au cœur ».
Le Président du Reg’art est fier de la programmation de Zangbéto et a vivement félicité les artistes. Le seul bémol est que les quatre conteurs qui ont fait le déplacement n’ont pas pu conter car le podium ne s’y prêtait pas et en plus le public a déserté le lieu à midi pour un repas bien mérité. Pour pallier ce manque, Edem Oklouvi compte voir avec la municipalité l’opportunité de mettre un chapiteau pouvant accueillir chaque heure les contes durant la foire.
Gaëtan Noussouglo © Togocultures