Dansé par les hommes et les femmes, le Gadzo est une danse originaire de Gapé, localité aux confins des préfectures de l’Avé et d’Agou, et finalement répandue dans l’ensemble des pays ewé et akposso du Sud Togo. Danse funèbre, il est le moins sexiste, car regroupant les deux sexes de toutes conditions sociales. Elle est la moins cérémoniale des danses funéraires en milieu Ewé et ressemble plus à une réjouissance. Elle est jouée généralement avec six tam-tams, un vieil ustensile (bassine) et des castagnettes. Les sonorités tirées de la bassine et d’un tam-tam à la forme effilée et joué à la maman constituent la particularité du Gadzo. Mais comme toutes les danses Ewé et Akposso, le gadzo épouse une certaine forme de théâtralité et de mise en scène.
En arrière-plan, les joueurs disposés en demi-cercle, devant eux, sur la scène (la place publique) se trouvent les danseurs et les danseuses dont la disposition n’obéit en apparence à aucune règle. Les hommes entonnent les chansons reprises par les femmes.
Les mouvements de danses sont généralement cadencés, forts, rythmés et frénétiques. Pendant le gadzo, s’instaure une forme de challenge entre les danseurs. Chaque danseur fait une démonstration pour montrer ses qualités, son savoir-faire et sa maitrise de la danse. C’est la danse par excellence des veillées funèbres et des grandes réjouissances. Elle peut durer la nuit jusqu’au lever du soleil.
A Kévé où l’équipe de Togocultures a filmé une séance de Gadzo (nous y reviendrons), on remarque l’intensité du spectacle, la gaîté des danseurs, synonyme de ce qu’au-delà des douleurs et la tristesse engendrée par la disparition d’une personne, la mort est considérée aussi comme un processus naturel. Les gens y dansent pour consoler les familles éplorées mais également pour dissoudre leurs peines dans cette débauche d’énergie. A Kévé, ce jour-là, c’était une danse de réjouissance, une communion entre les danseurs et la population. La joie envahit les cœurs et les énergies débordent devant le nouveau chef coutumier du quartier Agudza-Kévé Komi Domon assisté de ses notables. Sans fard et comme un citoyen lambda, il assiste au spectacle. Ce qui n’empêchera pas les danseurs à un moment de lui vouer tout le respect dû à son haut rang.
Tony Feda © Togocultures