Le roman Esclaves de Kangni Alem qui sort au mois d’avril prochain donne déjà le tournis à certains. L’écrivain en cherchant dans ce roman à parler de la traite des noirs, du commerce de la chair suscite pas mal d’interrogations de la part des lecteurs. L’’écrivain protéiforme béninois, Florent Couao – Zotti n’est pas de cet avis Esclaves est un « Roman truculent, servi par une écriture libre, flirtant parfois avec le style des récits magiques des romans latino-américains, Esclaves est une fraîcheur toute pétillante sur les idées reçues sur l’histoire du Danxomè, sur les rapports entre l’Afrique et le Brésil au siècle des négriers, siècle dont tout, sinon l’essentiel, reste encore à découvrir. ».
L’histoire de l’esclavage revisitée par la fiction de l’auteur de Chemins de Croix et de Cola Cola Jazz soulève des polémiques pour la simple raison que le thème sur l’esclave est presque tabou dans les pays où les esclaves ont été vendus et surtout plusieurs familles afro-brésiliennes revenues en Afrique se sont illustrées dans ce trafic. Kangni Alem connaît tous les risques en prenant sur lui de produire une fiction sur l’esclavage.
Togocultures souhaite vivement que ce débat sur l’esclavage soit enfin vraiment soulevé par les Africains eux-mêmes pour en finir enfin ce passé douloureux de notre continent et du continent américain.
Esclaves de Kangni Alem, Jean Claude Lattès (à paraître en avril 2009)
Roman historique :
1818, Royaume du Danhomé (actuel Bénin). Un homme, le futur Miguel, a hérité de son père la charge de Maître des rituels. Alors qu’il vénère son roi jusqu’à l’aveuglement, il assiste impuissant à la destitution progressive de ce dernier du fait de l’ingérence de en plus marquée des étrangers dans les affaires du Royaume, notamment Francisco Félix de Souza, dit « Chacha », l’esclavagiste portugais agissant depuis son fort, à Gléhué. Avec l’aide du prince Gankpé, conspirateur patenté et prétendant au trône, et de ses amazones, c’est la stabilité du royaume que Chacha cherche à ébranler pour mieux se livrer à l’infâme commerce. Capturé comme esclave et vendu à un marchand anglais (« Miguel, nègre civilisé de nation fon, bien noir, sans barbe, grand et sec, yeux grands, bonnes dents, intelligent et très habile »), alors qu’il est de plus en plus question d’abolition de l’esclavage, Miguel se retrouve à fond de cale dans l’enfer d’un bateau négrier, le « Don Francisco », en route pour la Dominique. Puis ce bateau accoste au Brésil où à Bahia il se lie d’amitié avec le mulâtre Félix Santana, lequel organise l’une des plus importantes rébellions d’esclaves. Converti à l’Islam, Miguel devient Sule et participe au soulèvement des Malès en 1835 à Salvador de Bahia, matée du fait de la trahison de l’esclave Edum qui n’a jamais accepté le mariage en noces mahométanes de Miguel avec Sabina. Vingt-quatre années plus tard, l’ancien Maître des rituels revient dans son pays. La boucle se referme sur une vie de souffrances.
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