Quelques mois après sa parution, l’essai sur la renaissance de l’Afrique, écrite par le Professeur Robert Dussey, conseiller diplomatique du chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé, est un succès de librairie, à en croire Les Editions Jean Picollec. Selon ce dernier, L’Afrique malade de ses hommes politiques est la meilleure vente réalisée de tous les ouvrages de sa collection Afrique.
Difficile de comprendre pour l’instant à quoi est dû ce phénomène éditorial, mais la fonction de l’essayiste, sa notoriété en tant que médiateur membre de la Communauté catholique de Sant’Egidio, et la portée du livre sont certainement à l’origine du succès de M. Dussey.
Il a fallu en effet beaucoup d’audace et de courage moral à ce jeune conseiller du président togolais pour écrire un livre qui, au demeurant, stigmatise les pouvoirs africains. On accuse souvent les intellectuels africains de se compromettre avec les pouvoirs africains, il n’y a pas de doute que Dussey est l’un des rares cas qui garde sa liberté de parole et d’action et exprime sa foi dans l’action politique. Désintéressé et travailleur dans l’ombre, il constitue auprès du président togolais la nouvelle figure du changement qui se dessine au Togo dans des conditions difficiles mais affirmées.
L’intérêt de ce livre, tout comme son originalité d’ailleurs, se situe dans son rapport avec l’actualité tant nationale que continentale. Plus que jamais, la pensée africaine d’aujourd’hui à la suite de Thabo Mbecki et des jeunes intellectuels africains trouvent qu’il est temps que le continent se réveille afin, tant d’années d’errance après les indépendances. Les guerres de conquête ou de redéfinition des frontières dans les Grands Lacs, le génocide rwandais, les drames kényans, zimbabwéens ou togolais, la guerre civile inepte en Côte d’Ivoire et le marasme économique sans fin du continent, suivi de la paupérisation, la pandémie du Sida, l’actualité est si traumatisante qu’il urge de prendre des mesures importantes.
Dans la lignée d’auteurs comme René Drumont, Axelle Kabou et Edem Kodjo en ce qui concerne la destinée chaotique à laquelle livrent les dictatures d’opérette l’Afrique, Robert Dussey a fait une incursion dans la pensée occidentale pour y déceler la philosophie raciste qui a travesti l’image du continent dans l’imaginaire européen et conduit à toutes les dérives de l’histoire. En tirant le regard sur Hegel- sa philosophie ayant été déterminante dans l’avancée de la pensée politique en Occident- et pourquoi pas sur d’autres penseurs européens, de Montesquieu à Voltaire et même Kant, Dussey dit tout simplement que le complot contre l’Afrique n’est pas imaginaire, mais bien réel.
Mais le plus étonnant c’est qu’il fasse porter le chapeau aux Africains eux-mêmes, notamment aux dirigeants et à l’élite intellectuelle. Tout le monde en prend pour son grade. Et Robert Dussey, en bon kantien, pense qu
e seule une solution basée sur la paix perpétuelle et l’intégration des peuples et des Etats africains par région, sans oublier une collaboration dans le respect et la dignité avec l’Occident, est à même de sauver l’Afrique.
Tony Féda©Togocultures