La tranquillité, l’amour et la noblesse rythment l’art de Khuma Müzü. Son travail s’éloigne de tout stress pour vibrer en diapason avec son élan de cœur. Sa passion transcende l’inconfort pour atteindre l’art en ce qu’il y a de communication, de beau. Elle est à l’art ce que l’eau est au poisson. Vivre en harmonie avec son milieu de vie. Récupérer tout ce que ce milieu offre et le transformer en œuvre d’arts. Tout l’aide en tant qu’artiste dans sa recherche depuis une dizaine d’années qu’elle s’intéresse à la peinture. Les chiffres font partie de sa spiritualité africaine surtout la géomancie du fa. Originaire du Nord-Togo, mais née à Badou dans l’Akposso il y a plus de 40 ans, elle affirme qu’« entre le Togo et le Togo, il n’y a pas de frontière. Ceux qui habitent le Togo, quel que soit leur espace géographique d’origine, sont Togolais. ». Par conséquent, les dieux togolais sont à tous sans exception. Son travail plastique est unique en soi mais a besoin de s’appuyer sur le regard et le coup de main des connaisseurs.
Khuma Müzü est sur la trace du plasticien Yao Metsoko qu’elle présente comme un grand frère, un grand soutien à ce qu’elle fait, à ses créations. Mais son inspiration et son énergie sont à chercher dans l’esthétique du plasticien ivoirien Ernest Dükü, son mentor. Une rigueur architecturale, plastique. Khuma Müzü travaille sur une forme d’abstraction qui garantit à son art une forme d’universalité. C’est une écriture figurative et abstraite qui donne à son travail une géométrie parfaite. Pourtant Khuma Müzü n’a jamais pris les arts plastiques comme une profession. Elle est actuellement gestionnaire de direction dans un cabinet d’architecture qui s’occupe de design d’intérieur. Les arts plastiques pour elle sont un violon d’Ingres. Ou bien simplement une passion.
Le temps et l’argent ne comptent pas dans son univers. Ce qui compte pour l’instant, c’est être soi, transmettre et transformer son état d’âme en peinture. Comme un enfant dessine ses parents selon son humeur, elle « nide » sa pensée dans les formes, les couche sur les toiles et les arrose de peinture. Un faucon se dresse, stylisé avec un système de numérologie qui passe de 0 à 1, ou bien de 9 à 1. C’est un faucon qui fait le lien entre le ciel et la terre, un système de flux et reflux, un va –et- vient éternel.
Elle a exposé à l’Unesco à Paris en 2011, dans le cadre de la semaine africaine, dans le restaurant galerie le Massai Mara. Togocultures a surpris son travail sous la culée rive du pont Alexandre II à Paris, autour de l’exposition « France, ô ma France » qui réunissait une soixantaine d’artistes venus de cinq continents.
Elle vit depuis 1986 en France. En attendant, pour être plus profonde et dense dans sa création, elle continue de creuser ce qu’elle porte au fond d’elle-même pour la joie des aficionados de la peinture.
Gaëtan Noussouglo