Le Festival International de théâtre de maison était à sa 1ère édition en décembre 2012. Le festival est dirigé par Joêl Ajavon, comédien et dramaturge. Cette nouvelle initiative se veut une prospection dans la recherche des voies pour le retour du public au théâtre, une solution à la crise du théâtre au Togo.
Le FITMA : Apporter le théâtre aux gens à domicile
Les amateurs du théâtre et le public ont suivi, du 03 au 11 décembre 2012, les manifestations entrant dans le cadre de la 1ère édition du festival international de théâtre de maison, le FITMA. L’ouverture officielle s’est faite à la salle de conférence de l’Institut Français de Lomé en présence du Représentant du Ministre des Arts et de la Culture, Monsieur Robert Azankpé, Directeur des Bibliothèques et de la Promotion Littéraire, qui n’a pas manqué de souligner la pertinence de cette initiative à l’heure où les acteurs culturels se dépensent en efforts et en sacrifices malgré les difficultés de financement de la culture au Togo.
Joël Ajavon, directeur du festival, est revenu sur la genèse du FITMA. L’idée dudit festival est née au Centre Culturel Français à la suite de la formation que certains des organisateurs ont reçue de 2006 à 2009 à l’Ecole Studio de théâtre de Lomé créée par Rodrigue Norman, comédien, metteur en scène et auteur togolais résidant actuellement en Belgique. Au terme de leur formation en 2009, ils ont fondé la Compagnie Artistique Carrefour, structure organisatrice du FITMA.
Il faut souligner que depuis 20O9, la Compagnie Artistique Carrefour investit les lieux insolites : maisons, rues, bars dans un souci de vulgarisation du théâtre. L’objectif, c’est de pallier à la désaffection des lieux et scènes du théâtre par le public togolais. L’intervenant a déploré le fait que pendant les représentations théâtrales, « les lieux de représentations sont vides ou sont remplis par les artistes. Pour qui faisons-nous le théâtre ? Pour qui faisons-nous les créations ? Est-ce pour nos amis artistes ? Pourquoi faisons-nous l’effort dans nos créations de penser et de tenir compte du public, si, in fine, le vrai public n’est pas au rendez-vous ? ». Pour lui, la connaissance du pouvoir et des vertus du théâtre amène à prendre l’initiative du FITMA pour « apporter le théâtre aux gens chez eux » et non pas pour « faire des maisons les nouveaux théâtres », ou transformer le théâtre en une « confrérie ». Au contraire, le théâtre se doit d’être « église », c’est-à-dire l’endroit où tout le monde peut entrer ou sortir en toute liberté. Le but réel poursuivi est « d’aller conquérir dans les maisons des âmes pour le théâtre et pour l’art en général », de faire donc une sorte d’accès plus ouvert et plus large au théâtre.
Activités, publics cibles et artistes engagés
Le FITMA a programmé 12 spectacles de théâtre et de conte, mais aussi des expositions, des conférences, des ateliers, des installations dans les maisons. Le festival a été précédé au cours du mois de novembre par quatre ateliers et une conférence. Les ateliers (de conte, de slam, d’écriture, d’animation jeunesse) ont plus visé le jeune public et ont été dirigés par Al Sydy, AP’nondas, Joël Ajavon et Jean Touglo. Des institutions de protection des enfanst telles que Wao-Africa, CTM, Terre des Hommes et le Centre Kékéli ont été les cibles choisis. Les différents ateliers ont permis aux organisateurs « d’initier les plus jeunes à différentes pratiques artistiques, de susciter en eux la créativité, de les amener à une prise de conscience de leurs potentialités et de leurs talents ». Le succès et un engouement total ont été au rendez-vous. Le festival a donné l’occasion de sensibiliser sur la place de l’art dans la société et sur l’importance de l’art dans l’éducation.
Au total ce sont les quartiers Kégué, Adidoadin, Lomégan, Nyékonakpoè, Adidogomé, Kové (Agoènyivé) qui ont bénéficié du maillage effectué lors du FITMA et des spectacles des artistes comme David Ganda, AP’nondas, Seyram-Agbalékpor, Jean Touglo, Jean Frédéric Batassé, Basile Yawanké, Foli Blaise, Akofa Kougbénou et Anne Tismer (la seule artiste invitée).
A cette première édition, le FITMA n’a bénéficié d’aucun financement extérieur, les organisateurs ayant voulu démontrer leur bonne foi et leur volonté d’asseoir une manifestation, espérons que les bâilleurs suivront à la prochaine édition.
Cyriaque Kodjo Noussouglo©Togocultures