La caravane de Cinéma de Jacques Do Kokou est en marche de Lomé jusqu’à l’extrémité du pays à Cinkasé. Elle passera dans les villes et les hameaux reculés de notre pays. L’objectif principal étant de rapprocher le cinéma de toutes les couches sociales du Togo et d’aller dans les milieux où la population n’aurait jamais la chance de voir le cinéma.
Jacques Do-Kokou initiateur de ce projet lutte depuis plusieurs années pour apporter l’art visuel (photographie) et le 7e art (cinéma) dans tous les lieux, à Lomé et à l’intérieur du pays. Les salles de cinéma au Togo ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Les jeunes dans les années 70 à 90 ont un beau souvenir des salles de cinéma à Lomé (Le Togo, Pa de Souza, Rex, Opéra, Club, plus tard 24 janvier…). C’était l’époque où on faisait la queue pendant plus de trois heures pour suivre les western spaghettis, les films d’action, les films de Bollywood, de karaté, et des films érotiques… et dans la joie, dans la bonne humeur comme s’il s’agissait d’un spectacle interactif : les cinéphiles répondaient à certains répliques ou prenaient position pour Bruce Lee, Wang Yu, Gary Cooper ou John Wayne contre ceux que nous appelions « assa », diminutif d’assassins, bien sûr. La grande partie du cinéma se faisait dans la salle.
Quand on évoque le cinéma au Togo, une foule de souvenirs individuels remonte à la surface. Au CEG Nyékonakpoé, certains vendredis soirs avant que les barbelés ne soient érigés sur la frontière Togo Ghana et les militaires ne viennent à nous empêcher d’emprunter ce chemin de notre jeunesse, nous avions le privilège d’aller suivre des films. Nous étions fascinés devant le décor de « L’île mystérieuse » d’après Jules Vernes, on riait de Fernandel promenant sa fameuse vache Marguerite ou on était fasciné par la musique du « Train sifflera trois fois », ou bien on rigolait devant les mimiques grotesques de ce fou comique qu’était Luis de Funès avec Les gendarmes se marient ou Fantomas Seulement quelques rares établissements scolaires avaient eu le privilège de suivre des films le soir. Par contre, au cas où, dans certains lieux on devait payer pour suivre les films, des jeunes démunis et un peu délinquants sur les bords balançaient des pierres dans les lieux qui accueillaient ces films, lesquels finissaient en queue de poisson. Des séances de films ont débouché sur des drames. On a vu des gens mourir de peur (littéralement), parce qu’ils étaient terrorisés par ces avions de guerre qui envahissaient l’écran et larguaient des bombes. Les premiers rangées détalaient et le piétinement était garanti.. C’était fin 70 début des années 80. La nostalgie !
S’il ne reste presque plus de salles de cinéma à Lomé, Jacques Do-kokou avec des moyens modernes de projections entretient avec son projet dans les 6 régions administratives du Togo des moments de partage, de rencontres et de divertissement. Il a, enfoui en lui, quelques souvenirs de ces moments de bonheur garantis par le cinéma. Des films africains aux classiques de cinéma en passant par les films de sensibilisation sont proposés dans des villages les plus reculés. Au cas où la population ne comprendrait pas la langue française, langue officielle au Togo, un débat est ouvert vers la fin pour expliquer le film ou alors, tout le long de la séance des commentaires sont proposés dans la langue locale.
Le rendez-vous est pris pour fin 2009, début 2010, à travers cinq programmes : Ciné Lomé, Ciné Togo, cinéma éducatif à travers tout le Togo, le tournage des films documentaires sur le patrimoine culturel togolais, et une série de reportage photo sur les « Visages du Togo ». La Caravane a démarré depuis le mois de juillet et se poursuivra jusqu’à la fin décembre 2010. Il est prévu plus de 900 séances de projections de film.
Le Cinéma Itinérant du Togo est né en 2002. La Caravane du cinéma s’organise avec l’APCAL et l’association J’ouvre l’œil. C’est la troisième fois que cette caravane circule dans notre pays. Espérons que ce beau projet ne s’essoufflera pas faute de moyens comme la plupart des bonnes initiatives au Togo.
Pour plus d’infos : Recitel
Le blog Jacques Do Kokou